Vidéosurveillance, de quoi parle-t-on ?

2 mai 20215 min

La vidéosurveillance connaît une très forte croissance depuis plusieurs années et voit se multiplier offres concurrentielles et innovations. Elle répond à trois grands besoins en entreprise : dissuader, protéger, élucider.

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La vidéosurveillance ou vidéoprotection – le premier terme s’applique aux sites privés, non ouverts au public et le second aux caméras qui visionnent la voie publique ou des espaces ouverts au public – permet d’assurer la sûreté d’un site par la visualisation de zones observées, en direct ou en différé. Le plus souvent, et si on schématise, un système de vidéosurveillance est constitué de scènes à filmer, plus ou moins statiques, de caméras, qui sont des terminaux capteurs d’images reliées en réseau à un enregistreur (NVR) qui contient le logiciel pour un certain nombre de caméras et les disques durs pour l’enregistrement.

Le signal vidéo est exploité sur un terminal d’exploitation qui prend la forme d’un écran, plus ou moins grand. Dans certains cas, il y aura un opérateur en temps réel derrière l’écran. Le signal vidéo peut aussi être redirigé vers la police ou la gendarmerie, et le système interconnecté ou non vers un télésurveilleur déporté. Il peut aussi être renvoyé localement vers un mobile de l’exploitant pour la levée de doute.

« La vidéosurveillance n’empêche pas l’acte malveillant, mais elle supprime l’impunité totale et peut ainsi dissuader les moins résolus. »

Marc Pichaud, fondateur de Just Do IP.

Marc Pichaud, fondateur de Just Do IP

Levée de doute visuelle

Facultative, sauf pour certains sites très sensibles, la vidéosurveillance vient renforcer les mesures organisationnelles, les protections physiques, le contrôle d’accès et la détection d’intrusion mis en place pour protéger le site.

« La vidéosurveillance n’empêche pas l’acte malveillant, mais elle supprime l’impunité totale et peut ainsi dissuader les moins résolus. Elle fournit une levée de doute visuelle aux autres technologies, et un deuxième niveau de sûreté en cas de défaillance du contrôle d’accès par exemple ou d’absence de détection d’intrusion (issues de secours désarmées), souligne Marc Pichaud, fondateur de Just Do IP, organisme de formation et de conseils spécialisé dans la vidéosurveillance sur IP et les architectures réseaux. La vidéo fournit aussi désormais des outils analytiques, comme le comptage, dont on parle beaucoup en plein contexte de Covid. »

Les missions

La vidéosurveillance peut ainsi répondre à trois grands besoins en entreprise :

Dissuader. Une caméra pourra avoir un rôle dissuasif et empêcher qu’un acte ne se produise par sa simple présence. « La vidéosurveillance est de plus en plus utilisée pour calmer l’agressivité, les incivilités, diminuer les petits vols, la démarque inconnue, les petites dégradations, remarque Marc Pichaud. Attention, quand une caméra est factice ou non exploitée, cela finit par se savoir, et on en perd le bénéfice. » Il s’agit donc d’installer de vraies caméras, mais dont la qualité de la vidéo n’a pas besoin d’être très élevée.

Protéger. Un système peut avoir une exploitation et des objectifs en temps réel. Si la vidéo est reliée à un opérateur en direct sur le site ou à distance, il pourra être possible d’intervenir en flagrant délit, d’empêcher ou limiter le délit. Ou encore de vérifier si une alarme intrusion ou incendie est bien réelle ou constitue un « intempestif ». « On considère qu’on a 15 secondes à 15 minutes pour intervenir, après c’est trop tard, explique le fondateur de Just Do IP. La performance d’un système est déterminée par les délais d’intervention (pré-alarme, délai de détection, délai de réaction et contre-mesures, délai d’intervention). Si ces délais sont trop importants, il faudra ajouter des technologies permettant de ralentir, voire dissuader la progression de l’individu. On peut par exemple, en extérieur, ajouter à une caméra un haut-parleur, type sirène, équipé d’un stroboscope permettant d’aveugler le malveillant. »

Élucider. Quand on n’a pas l’organisation pour exploiter en temps réel, on utilise les enregistrements vidéo pour élucider a posteriori un problème, retrouver la source de l’écart de stock ou de la dégradation. « On enregistre mais il n’y aura personne devant l’écran à l’instant T. Lorsque j’aurai constaté un écart d’inventaire, un vol, je vais faire a posteriori une recherche dans mon système. L’efficacité du système est tributaire du logiciel vidéo et de la durée maximale d’enregistrement. »

Contrairement aux établissements ouverts au public, les entreprises filmant des espaces privés n’ont pas besoin d’autorisation préfectorale, sauf à vouloir filmer la voie publique aux abords de l’établissement. Il existe cependant un certain nombre de points à respecter :

  • ne pas filmer les salariés sur leur poste de travail (sauf manipulations de valeurs) ;
  • ne pas filmer les zones de pause, de repos ou d’hygiène ;
  • ne pas filmer les locaux syndicaux ;
  • masquer dans les caméras les éventuelles zones privatives ou donnant sensiblement sur la voie publique ;
  • ne pas conserver les enregistrements au-delà de 30 jours ;
  • informer les personnes concernées susceptibles d’être filmées et afficher un panneau ;
  • prévenir le CSE de l’installation des caméras ;
  • associer le délégué à la protection des données (DPO) à la démarche, s’il y en a un.

Plus d’informations sur le site de la Cnil.


Article extrait du n° 572 de Face au Risque : « Vidéosurveillance : les nouveaux usages » (mai 2021).

Gaëlle Carcaly – Journaliste

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