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Il y a 15 ans, le dépôt pétrolier de Buncefield explosait
Le 11 décembre 2005, l’un des plus grands stockages de Grande-Bretagne explose. Retour sur ce sinistre d’ampleur et ses conséquences.
Une violente explosion
Il est 6h01 ce dimanche 11 décembre 2005 lorsqu’une terrible explosion retentit dans le dépôt pétrolier de Buncefield. Le site est situé à 40 km au nord-ouest de la capitale britannique.
Construit en 1960, il est géré par le groupe français Total et propriété d’Hertfordshire Oil Storage Limited (HOSL). C’est le 5e stockage pétrolier de Grande-Bretagne. Il alimente notamment les aéroports d’Heathrow et de Luton auxquels il est relié par oléoduc.
La déflagration est d’une telle violence qu’elle est entendue au-delà de Londres. Ses effets sismiques sont mesurés au niveau 2,4 sur l’échelle de Richter. Elle est suivie d’une boule de feu qui embrase 21 grands bacs de stockage d’hydrocarbure.
La fumée se propage jusqu’en France
Le site est envahi de flammes et un énorme panache de fumée noire s’élève à plus de 300 m. Il prend la direction du sud de l’Angleterre et se propagera jusqu’en Normandie et en Bretagne, puis vers l’Espagne.
Peu avant 6h30, deux autres explosions se produisent.
Les équipements internes de lutte contre le feu sont détruits
L’une des missions des pompiers, alertés à 6h08, est de « rechercher, sur les hectares de zones industrielles (…) des victimes que l’on suppose nombreuses », écrivait-on dans nos colonnes (Face au Risque n° 421).
C’est aussi bien sûr de combattre le feu. Toutefois celui-ci demande d’importants dispositifs et les équipements internes sont détruits. Les moyens de lutte viendront de la sécurité nationale mais aussi des compagnies pétrolières du pays qui disposent d’équipements spécifiques.
Problématique liée aux émulseurs
A 8h30, le lendemain matin, le dispositif d’extinction est enfin en place. Les pompiers, venus de toute la région et même d’au-delà, attaquent l’incendie à l’aide de pompes haute pression projetant 32 000 l d’eau et 1 250 l d’émulseur par minute. C’est un lac situé à 3 km qui alimente en eau.
Les émulseurs arrivent par camions citernes. Au total, 68 000 m3 d’eau et 783 m3 d’émulseurs seront nécessaires. Mais les quantités sont telles que ces eaux d’extinction débordent des rétentions et s’écoulent en dehors du site. Or, les mousses contiennent des PFOS (acide perfluorooctanesulfonique), perturbateurs endocriniens et polluants organiques persistants. « Cependant, face à l’urgence des besoins en moyens d’extinction, les autorités compétentes [ont pris] le parti d’utiliser ces mousses », note le Barpi dans son analyse de l’accident (Aria n° 31312).
Des dégâts sur l’environnement et la santé ?
Le nuage de fumée contenait des substances irritantes qui ont conduit l’Agence britannique de santé publique (HPA) à effectuer des prélèvements. Selon, elle, les pollutions ont été en dessous des standards de qualité de l’air.
En France, les autorités ne relèvent pas non plus de dégradation sensible compte tenu de la dispersion atmosphérique du nuage.
En revanche, une pollution des sols et des eaux est révélée. Elle est due aux hydrocarbures et aux mousses d’extinction. Un captage d’eau potable situé à 3 km du site a été fermé après l’accident et un plan de dépollution de la nappe d’eau souterraine étudié, indique le Barpi. Qui évoque également que du PFOS a été détecté dans deux rivières quelques jours après l’accident mais en faible quantité.
L’origine de la catastrophe
C’est le réservoir n° 912 qui est à l’origine de l’accident.
La veille au soir, il recevait par pipeline de l’essence sans plomb. Mais ses deux systèmes automatiques de détection de niveau ont été défaillants si bien que le bac a débordé.
« Un nuage explosible s’est donc formé puis répandu sur le site », analyse le Barpi.
Les condamnations
Le groupe Total est condamné le 20 mars 2009 à assurer seul le dédommagement des dégâts provoqués par l’incendie aux particuliers et aux entreprises. Ils sont évalués à près de 900 M€.
D’autre part, cinq sociétés, dont Total, sont condamnées le 16 juillet 2010 à environ 11 M€ pour violation des règles de protection et de sécurité des employés et du public. Les entreprises concernées avaient plaidé coupables.
Le retour d’expérience
Une commission indépendante a été créée afin de mieux comprendre les causes et conséquence de l’explosion. Le ministère britannique chargé de l’écologie a lancé une vaste campagne d’analyse des PFOS dans les eaux souterraines du pays avec 150 points de mesures.
Par ailleurs, dès le mois de février 2006, les exploitants des sites pétroliers avaient obligation de mener une série de mesures de sécurité. Des inspections ont eu lieu pour vérifier leur mise en application et examiner la conformité des installations.
En France, des inspections ont également été effectuées dans les dépôts pétroliers à la suite de cet accident.
Martine Porez – Journaliste
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