EPI. Mise en lumière par l’accident de Romain Grosjean, la technologie Nomex s’adapte au Covid-19
Noyé au milieu des flammes durant 28 secondes le dimanche 29 novembre 2020 à l’occasion du Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn, Romain Grosjean s’en est finalement tiré sans trop de gravité. Un miracle rendu possible par sa combinaison, intégrant la fibre Nomex ®. Conçue par DuPont, elle a été déclinée en 2020 pour la conception de masques de protection faciale afin de lutter contre la propagation du Covid-19 en milieu professionnel, principalement dans le secteur de l’industrie.
Le dimanche 29 novembre 2020, Romain Grosjean sortait indemne d’un spectaculaire accident à l’occasion du Grand Prix de Bahreïn. Percutant de plein fouet un rail de sécurité dès les premiers hectomètres de la course, le pilote a vu sa voiture prendre feu à la suite de cet accident.
Après 28 secondes passées dans les flammes, le Français parvenait à se mettre en sécurité.
Transporté à l’hôpital, il s’en sortira finalement avec de sérieuses brûlures aux mains et aux pieds… Le reste de son corps sera relativement épargné.
Cette prouesse ne doit cependant rien au hasard. Elle a effectivement été rendue possible par la spécificité de la combinaison conçue par Alpinestars, selon les directives de la FIA (Fédération internationale de l’automobile), et intégrant la technologie Nomex® de DuPont afin d’assurer la sécurité corporelle des professionnels exposés aux risques thermiques.
Qu’est-ce que le Nomex ?
Jusque-là méconnue du grand public, la technologie Nomex s’est ainsi bien involontairement fait un nom par l’intermédiaire de Romain Grosjean. De nombreux experts ont en effet souligné dans les médias l’importance qu’avait eu l’équipement du pilote dans cet incendie. Cette technologie développée par DuPont, entreprise spécialisée dans la conception d’équipements de protection individuelle, n’est pourtant pas nouvelle sur le marché.
« Le Nomex est une fibre aramide qui a été développée par DuPont il y a plus de 50 ans. Ces fibres ont une propriété très intéressante pour la protection thermique. Par protection thermique, on entend non seulement le feu mais aussi les arcs électriques, qui sont des événements extrêmement courts provoqués par un court-circuit et qui en quelques millisecondes peuvent provoquer des températures allant jusqu’à 20 000 degrés Celsius. Ce sont les deux domaines où les solutions en Nomex sont le plus fréquemment utilisées pour le risque industriel » nous confie ainsi Steve Marnach, responsable formation EMEA spécialisé en environnements critiques chez DuPont.
Les combinaisons intégrant la fibre Nomex® de DuPont se prédestinent en premier lieu aux métiers du secteur industriel comme l’illustrent les images ci-dessus (crédits DuPont).
Il est en effet important de souligner que les combinaisons embarquant la technologie Nomex de DuPont, avant d’équiper les pilotes de courses automobiles, restent en premier lieu destinées au secteur industriel, aux sapeurs-pompiers, électriciens, policiers, forces de l’ordre ou encore aux métiers de l’industrie chimique. L’ensemble de ces secteurs constituants le cœur de cible du fabriquant.
Quels sont les avantages du Nomex ?
« L’avantage du Nomex, c’est que la combinaison ne brûle pas. Il est intrinsèquement ignifuge par la fibre elle-même, sans traitement chimique. Ce qui permet au porteur de la combinaison de pouvoir se mettre en sécurité des flammes en cas d’accident. Avec une tenue en polyester ignifugée ou en coton, la combinaison tomberait en morceau. C’est ce qui fait la spécificité du Nomex, qui peut aussi résister à une centaine de cycles de lavages sans que la qualité soit altérée » précise notre interlocuteur.
Comme le montre la vidéo ci-contre, de nombreux tests sont réalisés en amont à l’aide de 122 capteurs thermiques permettant de mesurer la capacité de résistance de la combinaison aux cas les plus extrêmes.
Cette résistance pouvant atteindre les températures de 600 à 1 000 degrés Celsius sur une durée d’une vingtaine de secondes dans le cas d’un incendie.
Sur la vidéo, « il y a seulement 23 % du corps touché par des brûlures de 2e ou 3e degré. Ce qui fait une chance de survie au-delà de 90 % » relate Steve Marnach. Des chiffres qui seraient sûrement encore meilleurs si la tête du mannequin était protégée par une cagoule en Nomex durant ce test.
De la combinaison aux masques de protection faciale Covid-19
Les combinaisons ne sont cependant pas le seul champ d’application de la technologie Nomex®. Celle-ci se décline également sous forme de cagoules depuis de nombreuses années pour assurer la protection au niveau de la tête et du visage.
Mais en 2020, crise sanitaire oblige, il a également fallu trouver une solution afin que les professionnels habituellement équipés de ces combinaisons puissent poursuivre leurs activités dans le respect des gestes barrières.
« Votre masque doit correspondre à votre vêtement ».
Dans les métiers de l’industrie, la nécessité de s’équiper de masques de protection faciale conçus dans la même matière que la tenue de protection habituelle a rapidement été prise en considération pour ne pas ajouter de nouveaux risques.
Sur ces photos, les masques en Nomex Nano Flex reprennent la fibre Nomex des vêtements.
« Le Covid nous a posé un défi inattendu. Nous y avons été confrontés à la fin du premier confinement, lorsque l’activité industrielle a repris. Tous les professionnels qui sont exposés à des dangers thermiques et qui travaillent en équipe ont tout à coup été obligés de porter une protection faciale pour se protéger également contre le Covid. Le problème des masques chirurgicaux et autres, c’est qu’ils brûlent dans ces situations d’exposition. Donc ils ne conviennent pas à ce type d’utilisation. Il leur fallait alors une protection faciale adaptée, capable aussi de les protéger contre le feu et les flammes » explique Steve Marnach.
Une reprise efficace de la technologie Nomex® Nano Flex des cagoules
C’est ainsi sous la forme de masques réutilisables « légers, respirants, utilisables sur une longue durée et lavables à plus de 60 degrés sans perdre son efficacité de filtration » qu’est venue la solution. Le tout en s’appuyant sur la technologie Nomex® Nano Flex.
Celle-ci était déjà éprouvée par DuPont depuis de nombreuses années pour la conception des cagoules ignifuges à destination des sapeurs-pompiers notamment, permettant lors d’un incendie de protéger le visage tout aussi bien du feu que de l’exposition aux particules grâce aux nanofibres qui composent le produit.
Concernant l’exposition au Covid-19, les tests sur ces masques de protection faciale ont permis de confirmer « (qu’avec) le Nomex® Nano Flex, il y a une efficacité de filtration du virus qui est supérieure à 95 % et qui va au-delà de 97 % pour les bactéries. C’est même mieux que des masques FFP2 et FFP3 sur le marché », conclut notre interlocuteur.
Après avoir réussi à apporter une réponse rapide au contexte de crise sanitaire via ses solutions de protection faciale en Nomex® Nano Flex, la question est désormais de savoir si DuPont connaîtra – à terme – le même succès auprès des professionnels que ceux connus précédemment pour les combinaisons ou les cagoules.
Eitel Mabouong – Journaliste
Les plus lus…
Cette fiche réflexe a été créée dans un contexte où la menace drone est trop souvent ignorée, et où…
La société Rolland, spécialisée dans la conception et la fabrication de sprinkleurs pour les réseaux de protection incendie, obtient…
Le développement des mobilités électriques, notamment les vélos, trottinettes et voitures, fait peser un risque nouveau tant chez les…
La directive (UE) 2024/2831 du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2024, relative à l’amélioration des conditions…
D’avis unanime, les JOP 2024 ont été une réussite sur le plan sécuritaire. Durant cet événement inédit, trois projets…
L'arrêté du 31 octobre 2024 relatif à l'analyse des substances per- et polyfluoroalkylées dans les émissions atmosphériques des installations…