Interview. Cyrille Becker (Genetec) : « Le protocole national en entreprise du 16 octobre n’a pas eu de grandes conséquences »
Directeur général Europe chez Genetec, Cyrille Becker a accepté de répondre à nos questions. Si un nouveau confinement n’était pas encore d’actualité à l’heure où cet entretien a été réalisé, le contexte sanitaire lié à la pandémie de Covid-19 est cependant très largement évoqué. À travers le protocole national en entreprise du 16 octobre notamment.
Face au Risque. Quelles conséquences le protocole national en entreprise du 16 octobre a-t-il eu sur le mode de fonctionnement de Genetec France ?
Cyrille Becker. Ce protocole n’a pas entrainé pas de grandes conséquences pour Genetec France car nous avons dès le départ adopté des mesures de sécurité permettant de respecter les protocoles diffusés par le Gouvernement et même davantage. Et surtout, à date (Ndlr : au lundi 26 octobre 2020), le télétravail reste la norme pour Genetec. Donc la grande majorité des employés travaillent de leur domicile, et ce, depuis le 1er mars.
La contrainte majeure avec ce protocole est qu’il n’est plus possible, à Paris et dans les zones sous couvre-feu, de prévoir le retrait ponctuel du masque au sein des espaces clos et partagés. Cela pourrait contraindre certains salariés qui avaient demandé à revenir au bureau pour leur bien-être, à finalement préférer un retour au télétravail (redevenu obligatoire lorsque cela est possible par le protocole national en entreprise du jeudi 29 octobre 2020, ndlr).
Le télétravail peut accentuer certains risques psychosociaux (isolement des salariés, baisse de la motivation des salariés ou hausse de la pression de la direction…). De quelles manières ces risques sont-ils anticipés chez Genetec France ?
C.B. Nous avons très tôt été conscients de ces risques. Étant donné que nous sommes dans l’industrie informatique, nous étions équipés pour gérer plus facilement le passage au télétravail : nos outils collaboratifs ont très bien fonctionné et nous avons réussi à maintenir notre activité et nos interactions à distance. Nos managers ont été sensibilisés et ils ont parfaitement su s’adapter.
Nous avons également sensibilisé nos équipes et gardé un lien régulier à travers différentes actions pour veiller à leur bien-être : partage de bonnes pratiques RH, ligne de soutien psychologique pour ceux qui le souhaitaient, enquêtes, fourniture de mobilier de bureau… Nous avons par ailleurs pu accepter – dans un cadre sanitaire maîtrisé – toutes les demandes des employés qui préféraient revenir au bureau, même quelques jours par semaine.
« La crise a été l’occasion de déployer notre potentiel créatif. »
Nous avons mis en place des points communications réguliers permettant le partage d’informations avec des prises de parole de notre PDG aux salariés du monde entier et de moi-même à l’ensemble des équipes Europe chaque semaine. Ces points jouent un rôle très important dans la démonstration de notre unité et permettent à chacun de percevoir la stratégie et nos ambitions à venir.
La crise sanitaire a aussi été l’occasion de déployer notre potentiel créatif et innovant. Nous avons mis en place en Europe un comité qui a pour mission de développer de nouvelles initiatives pour fédérer les équipes et travailler sur des projets transverses liés à la crise sanitaire. Nous avons ainsi organisé plusieurs événements en ligne qui nous ont permis de tous nous retrouver : apéros virtuels avec l’ensemble des équipes, show culinaire virtuel que j’ai eu l’honneur d’animer et où tous les employés qui le souhaitaient ont réalisé ensemble la même assiette. Un grand moment vécu avec l’ensemble des équipes.
Ces efforts semblent porter leurs fruits : nos équipes sont restées motivées et soudées pendant la période de télétravail. Mais nous restons très vigilants. La bataille est loin d’être gagnée.
Dans ce contexte de crise sanitaire, quelles sont les ambitions pour 2021 ?
C.B. C’est évidemment la question la plus complexe du moment : à quoi devons-nous nous attendre pour 2021 ? La façon d’aborder cela chez Genetec est de construire un budget qui reste ambitieux – car notre historique a prouvé que nous savons croître plus rapidement que le marché – et qui nous permet de nous adapter en fonction de l’évolution sanitaire et économique dans les géographies que nous couvrons.
Nous avons donc défini différents scenarii et des indicateurs macro pour nous permettre de décider de basculer sur l’un ou l’autre de ces scenarii en fonction de l’évolution de la situation. Mais quoi qu’il en soit, notre investissement dans le développement de nos produits reste très fort et nous allons continuer à livrer de belles innovations cette année comme nous avons habitué le marché à le faire.
À noter que le n°568 de Face au Risque (décembre 2020 – janvier 2021) consacrera un dossier spécial « Retour d’expérience Covid-19 en entreprise et résilience » à travers les témoignages de plusieurs sociétés dans ce contexte de crise sanitaire.
Eitel Mabouong – Journaliste
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