Interview. Paris Cyber Week 2020, les réponses de Sébastien Garnault
La Paris Cyber Week 2020 se tiendra les mercredi 30 septembre et jeudi 1er octobre prochains. En raison de la pandémie de Covid-19, le format de cette 2e édition sera différent de la version 2019. Fondateur de l’événement, Sébastien Garnault nous en dit davantage sur le sujet à l’approche du rendez-vous.
Face au Risque. Quelles sont les attentes pour cette 2e édition de la Paris Cyber Week ?
Sébastien Garnault. Pour cette édition 2020, la situation est particulière compte tenu de la crise sanitaire que l’Europe entière est en train de subir. Donc nos objectifs sont extrêmement qualitatifs. C’est-à-dire que nous avons restreint la participation physique aux délégations européennes et décideurs français. Les négociations au niveau européen ne se sont pas confinées, elles se poursuivent et s’accélèrent. Nous devons donc, nous aussi, apporter notre part aux discussions. La venue de nos partenaires dans les conditions que l’on connaît est une marque de confiance et d’intérêt qui nous honore.
En termes de taux d’inscription, le côté « streaming » de cette édition attire-t-il autant les participants que ce qui était par exemple attendu initialement en présentiel ?
S. G. Ce que je ressens, c’est que les personnes ont vraiment envie de se rencontrer et d’avancer. Bien sûr, l’incertitude économique et politique nous questionne tous. Mais nous sommes des professionnels de la sécurité, de la maîtrise du risque et de la résilience. Et c’est le numérique nous permet de maintenir la situation. Nous devons donc avancer car notre industrie est stratégique, notamment en cette période de crise. Concrètement, toutes les personnes que nous avons invitées répondent présent. Toutefois c’est une édition particulière car elle est restreinte. Nous sommes donc sur une appétence forte des décideurs qui ont été invités.
Intervention de Guillaume Poupard, directeur général de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), lors de la Paris Cyber Week 2019. Crédit photo Garnault & Associés.
Ce qu’il faut retenir de la préparation de 2020, c’est que nous allons faire carton plein auprès d’une cible hautement qualitative. Il nous a fallu être agiles, créatifs, résilients, optimistes et enthousiastes. Nous approchons de l’événement et nous sommes satisfaits de la dynamique collective qui s’est maintenue tout au long de la crise sanitaire.
Il y a un changement de thématique pour cette 2e édition de la Paris Cyber Week (initialement prévue début juin). Comment s’est opérée cette décision d’opter finalement pour un « Retour d’expérience sur la Covid-19 » ?
S. G. Lorsque le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le confinement, il a fallu attendre quelques jours pour voir quelle allait être la tendance de l’épidémie. Nous avons très rapidement compris que cette situation allait s’installer a minima jusqu’à l’été et qu’il fallait donc reporter l’événement pour des raisons de sécurité évidentes. Cette décision n’était pas simple car il fallait aussi lui donner un angle éditorial qui serait connecté aux enjeux du moment. Et l’enjeu du confinement, c’est le télétravail. L’Europe entière basculant dans le télétravail, nous allions inéluctablement avoir des attaques cybernétiques nouvelles, plus fortes et plus nombreuses. Et nous l’avons d’ailleurs constaté puisqu’elles ont augmenté de 67% cet été.
Nous nous sommes tout de suite dit que ce retour d’expérience « à chaud » serait utile et nécessaire car nous faisons face aux mêmes menaces, mais nous n’y répondons pas toujours de la même manière. Donc cet échange de bonnes pratiques à haut niveau peut aussi inspirer différents écosystèmes lorsqu’ils sont attaqués. Cela renforce notre connaissance mutuelle des acteurs, des expertises et des industries. Nous l’avons proposé à l’ensemble des intervenants et des décideurs, et tout le monde nous a suivi sur cette voie. Il est important de bien avoir en tête qu’en cas de pandémie numérique, nous n’avons pas assez de soignants. Nos interactions et la qualité de nos relations seront donc une force si cela arrivait.
« Depuis le mois de mars, nous avons tous compris l’intérêt du numérique. »
Vous évoquez justement les intervenants. Est-ce que le fait d’avoir changé de thématique, en basculant sur un retour d’expérience sur la Covid-19, a eu une incidence sur la liste des intervenants ?
S. G. Nous avons la chance de recevoir des personnalités incontournables et d’un niveau d’expertise remarquable. Pour l’édition prévue en juin, l’enjeu était de saisir les opportunités du numérique en toute confiance. Depuis le mois de mars, nous avons tous compris l’intérêt du numérique. Nos grands-parents font des visios… Le sujet n’est finalement pas si différent. Nous allons débriefer le basculement massif dans le cyberespace et évaluer les risques que cela a ouvert.
Nous avons dernièrement vu que la chaîne Téléfoot avait connu quelques bugs pour son lancement. Est-ce que vous avez mis en place un dispositif spécial pour assurer ce streaming ?
S. G. Pour la question du streaming, nous allons bien évidemment réaliser des tests en amont. Mais nous ne sommes ni sur le même objet, ni sur les mêmes enjeux. Notre retransmission est, d’un point de vue technique, très simple. L’ampleur du dispositif technique n’est pas la même que pour le lancement d’une chaîne. Le risque d’un éventuel problème technique est beaucoup moins élevé. Nous anticipons, parce qu’il faut toujours être prêt, mais nous n’avons aucune crainte sur la tenue du streaming et sur sa qualité. Concrètement, pour le streaming, la vraie problématique est le débit. Si vous avez une bonne connexion, vous aurez une bonne retransmission.
Le streaming, c’est aussi et surtout la possibilité d’accéder à une information de haut niveau, rarement réunie en un même lieu, au même endroit et sur le même sujet. Tout en assurant des conditions de sécurité sanitaire acceptables. C’est finalement l’hybridation de l’événement, avec une partie physique pour les décideurs – qui ont un rôle actif dans la séquence-, et une diffusion pour tous ceux et toutes celles qui malheureusement cette année ne peuvent pas nous rejoindre. Nous espérons les retrouver dès 2021.
La Commissaire européenne Mariya Gabriel et Sébastien Garnault, fondateur de la Paris Cyber Week, à l’occasion de la 1re édition de la PCW en 2019. Crédit photo Garnault & Associés.
C’est une conviction forte chez Garnault & Associés de rendre accessible l’expertise économique, politique et académique de ces enjeux car la première brique de la sécurité, c’est l’éducation et donc la sensibilisation. Il faut que les gens comprennent de quoi nous parlons car il s’agit de leur vie. Pour cela, nous avons besoin de transmettre une information simple, compréhensible et utile. C’est pour cela que nous avons mis en place ce streaming.
Combien de personnes sont finalement attendues sur place pour ces deux jours ?
S. G. Nous attendons au maximum 150 personnes sur les deux jours. Ce public sera composé d’environ 40 % d’Européens et 60 % de Français. Nous avons 14 délégations européennes qui nous ont confirmé qu’elles viendraient dans des proportions moins importantes. Pour celles qui seront contraintes d’annuler en raison de directives gouvernementales, ce sont leurs ambassades qui les représenteront cette année, avant de les retrouver l’an prochain. L’idée est de continuer la mise en relation des industries nationales pour pouvoir réaccélérer dès 2021. Nous sommes tous des entrepreneurs et nous regardons tous le risque en lui faisant face. Nous devons continuer d’avancer, en toute sécurité.
« La présidence française de l’UE. » comme thème de l’édition 2021.
En parlant de 2021, avez-vous déjà le thème de cette prochaine édition ?
S. G. Oui, et ce sera une édition importante car nous serons à 6 mois de la présidence française de l’Union européenne, qui en sera donc le thème. Le 1er janvier 2022, la France prendra en effet la présidence de l’Union européenne pour six mois. Ce qui signifie que sur un certain nombre de sujets européens, ce sera la France qui posera l’ordre du jour et engagera tous ses efforts pour faire avancer l’Union Européenne. Le président de la République porte le sujet de la cybersécurité depuis son élection. La Commission européenne est particulièrement investie et structurée pour avancer vite. En ce moment même, la réflexion sur ces sujets est dense. Nous avons par exemple la renégociation du règlement eIDAS qui est à l’ordre du jour, tout comme la directive NIS. Tous ces sujets vont animer l’année 2021.
Comme le disait la Commissaire Mariya Gabriel l’an dernier, Paris est une place importante de travail sur ces sujets. Nous allons animer ces réflexions avec l’ensemble des Européens avec lesquels nous sommes en lien afin de préparer avec eux les priorités, les modes d’action et les positions de la société civile. Ce qui permettra probablement de délivrer un certain nombre de décisions, notamment sur l’identité numérique, qui est la pierre angulaire du « citoyen 4.0 ».
Un dernier mot pour conclure à l’approche de cette 2e édition de la Paris Cyber Week ?
S. G. Tout simplement dire que pour cette nouvelle édition, notre attention est centrée sur la sécurité des personnes et la qualité des échanges. Cet événement physique, c’est aussi une manière d’être résilient face à un virus. Et en matière de numérique, nous savons que la résilience est l’un des points les plus importants. Nous avons hâte d’y être et, malgré le contexte, nos partenaires européens nous font la confiance de venir. C’est vraiment important de les remercier car c’est avec eux que nous bâtirons une Europe numérique de confiance, indépendante et utile.
Eitel Mabouong – Journaliste
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