Lubrizol : selon Le Monde, l’incendie serait parti de Normandie Logistique
Ayant eu accès au dossier d’instruction de l’enquête pénale, Le Monde a publié un article le 20 mai 2020 résumant les investigations menées . Selon le quotidien, la piste la plus sérieuse suivie par les enquêteurs pointerait clairement le doigt vers le site de Normandie Logistique.
Le 10 mars dernier, le ministère de la Transition écologique publiait son rapport d’inspection à propos de l’accident de Lubrizol survenu le 26 septembre 2019 à Rouen. Si l’origine exacte de l’incendie n’était pas connue au moment de la rédaction du document, le départ de feu était tout de même localisé dans une zone mitoyenne entre Lubrizol et Normandie Logistique.
Selon le rapport d’inspection du ministère de la Transition écologique, la zone de départ de feu est clairement identifiée : elle se situe entre le bâtiment A5 de Lubrizol et le bâtiment T3 de Normandie Logistique, tous les deux détruits par le sinistre.
Huit mois après que les flammes ont englouti 9500 tonnes de produits chimiques dans un énorme nuage de fumée noirâtre, le Monde évoque de nouveaux éléments issus cette fois-ci de l’enquête pénale : un local vétuste servant de vestiaire à proximité, situé sur l’emprise de Normandie Logistique. Des appareils et une installation électriques non conformes. Et peut-être une imprudence de la part des salariés au sein de cet abri délabré.
Un local vétuste, deux radiateurs électriques, un suicide
Le Monde commence par rappeler les nombreuses pistes examinées par les enquêteurs, finalement écartées. Ainsi que l’examen des caméras de surveillance, qui permet d’éliminer toute présence humaine dans la zone au moment du déclenchement des flammes. Le quotidien cite alors un large extrait du dossier d’instruction, en appui de sa propre conclusion : « à ce stade des investigations, aucun élément permettant de déterminer les causes de l’origine de l’incendie n’a pu être mis en exergue. Cependant, la localisation du vestiaire de la société Normandie Logistique par rapport à la zone de départ de feu, sa vétusté, la présence de deux radiateurs électriques sur lesquels des vêtements auraient pu être posés afin de les sécher, laisse place à des interrogations ».
Le Monde rappelle les nombreuses auditions de salariés et de sous-traitants œuvrant au sein des deux entreprises. Il en transpire un faisceau d’indices pointant vers le local vétuste, prenant l’eau par la toiture, servant d’abri et de vestiaire aux employés de Normandie Logistique. A l’intérieur, plusieurs appareils électriques étaient branchés sur une seule multiprise. Et notamment deux radiateurs électriques, sur lesquels les employés pourraient avoir laissé sécher des vêtements.
Un témoignage capital manque, celui du chef d’équipe de Normandie Logistique. C’est lui qui s’occupait des stocks confiés par Lubrizol, et qui fermait les locaux tout en enclenchant l’alarme le soir avant de partir. Après 39 ans de service, il s’est suicidé le 25 octobre 2019.
La société Normandie Logistique a contesté la version des journalistes du Monde, et a annoncé vouloir porter plainte pour violation du secret de l’instruction, rapporte le site France Info.
Bernard Jaguenaud – Rédacteur en chef
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