Caméras intelligentes et détection incendie, les réponses d’Olivier Kachel
L’usage et l’utilité des caméras intelligentes dans le cadre de la détection incendie est un domaine particulier pour lequel une certification, CNPP Certified, existe depuis 2019 en France. Pour l’heure, deux produits sont déjà certifiés. Parmi lesquels le Fireye de Réseau DEF, lancé en 2016. Olivier Kachel, responsable marché pour Réseau DEF, a accepté de répondre à nos questions.

Face au Risque : Quelle est l’utilité des caméras intelligentes dans le domaine de la sécurité incendie ?
Olivier Kachel. C’est une innovation dans le monde de la sécurité incendie que d’utiliser des caméras vidéo avec de l’analyse d’image et non des caméras thermiques. Cet accès à l’image permet de surveiller des zones très vastes et de gros volumes comme des entrepôts, où souvent, la fumée ne monte pas jusqu’au plafond pour des raisons de stratification, du fait de la hauteur des locaux. En effet, les fumées s’arrêtent toujours à un moment donné : elles sont chaudes, refroidissent progressivement en montant et lorsqu’elles deviennent froides, elles arrêtent de monter. Ainsi, dans des espaces de grandes hauteurs, avec des détecteurs de fumée traditionnels au plafond, la fumée n’arrive pas toujours jusqu’au détecteur.
L’avantage de la détection d’image dans le cadre de l’incendie, c’est de pouvoir la positionner en hauteur ou en périphérie de la zone à surveiller, sur les murs. En orientant l’angle de prise de vue vers le sol, les caméras peuvent ainsi détecter la fumée à un ou deux mètres au-dessus du sol. Donc bien avant qu’elle ne monte jusqu’au plafond. Ceci apporte une précocité de détection inégalée par rapport aux systèmes traditionnels actuels.
« Les caméras intelligentes “en complément” de la détection traditionnelle. »
Quels sont les apports supplémentaires par rapport aux outils traditionnels de la détection incendie ? Peuvent-ils être complémentaires ?
O. K. La détection par analyse d’images vidéo ne vient pas remplacer la détection traditionnelle. Surtout pas ! Elle est utile en complément à cette détection traditionnelle, pour apporter un peu plus de précocité et un accès à l’image : deux points importants pour les procédures d’intervention. Elle peut aussi être profitable dans des zones critiques, où la détection traditionnelle n’est pas adaptée, et qui ne disposaient donc pas de détection incendie jusqu’alors. Dans ces univers très contraignants, les caméras peuvent ainsi être encapsulées dans des caissons très étanches, chauffés, ventilés, Atex… Tout en assurant leur précocité de détection habituelle.
Quels sont les axes d’amélioration ?
O. K. L’amélioration s’oriente essentiellement vers de l’intelligence artificielle : le calcul et le machine learning des algorithmes, qui vont auto-apprendre l’univers dans lequel ils se trouveront, au service de la performance de la technologie. Aujourd’hui, les algorithmes de la détection de fumée et/ou flammes par analyse d’images vidéo sont basés sur la détection de mouvements. Mais de nombreux éléments donnent lieu à des mouvements, comme la poussière par exemple. Je pense donc qu’un axe majeur d’amélioration dans les algorithmes en intelligence artificielle consistera à isoler les phénomènes pouvant ressembler à de la fumée et qui n’en sont pas, comme de la vapeur d’eau ou des poussières par exemple, visuellement très proches d’une fumée provoquée par un incendie.

Eitel Mabouong – Journaliste
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