La réalité virtuelle, futur outil de formation des sapeurs-pompiers ?
Le vendredi 15 novembre 2019, l’IMT Mines Albi inaugurait SIReN Lab, un laboratoire international associé cofondé avec la réputée université américaine Georgia Tech ISyE. Cet institut d’ingénierie pourrait permettre dans un futur proche de parfaire la formation des sapeurs-pompiers grâce à la réalité virtuelle.
La formation des sapeurs-pompiers sera-t-elle amenée à évoluer dans un futur proche grâce à la technologie ? Si rien n’est encore acté à l’heure actuelle, l’ajout d’une couche technologique supplémentaire dans le processus de formation reste de l’ordre du possible dans les prochaines années. Cela, par le biais de la réalité virtuelle.
La réalité virtuelle comme outil d’aide à la décision
L’inauguration, le vendredi 15 novembre 2019, du laboratoire international associé SIReN Lab, fondé par l’Institut Mines Télécom (IMT) d’Albi et Georgia Tech ISyE, était l’occasion de dévoiler à la presse les prémices de la réalité virtuelle comme outil d’aide à la décision. « Être capable d’agir en situation de crise », c’est avec cet objectif que le programme EGCERSIS (Entraînement à la gestion de crise en environnements représentatifs de sites industriels sensibles) – une des nombreuses composantes intégrées au laboratoire SIReN Lab – a été mis en œuvre ces derniers mois au sein de l’IMT Albi.
Cette plateforme permet ainsi à l’utilisateur de s’immerger, par l’intermédiaire de la réalité virtuelle, dans un scénario prédéfini et modifiable en cours d’immersion. Exemple concret : il est possible de s’immerger dans une station de métro en proie aux flammes. Outre l’extinction du feu, programmée dés le départ, des missions parallèles peuvent apparaître en cours de route telles que le sauvetage d’individus ou l’exposition à un produit chimique…
À noter que, mis à part la mission en elle-même qui peut s’effectuer en équipe (comme l’illustre la photo ci-dessous), des outils d’analyses permettent a posteriori de définir les axes d’amélioration en vue des prochaines interventions virtuelles.
« Des opportunités fabuleuses »
Directeur départemental du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Tarn, le colonel Christophe Dulaud était également présent pour l’occasion. Interrogé par nos soins sur les possibilités qui pouvaient s’offrir aux sapeurs-pompiers grâce à cette technologie, l’intéressé s’est dans un premier temps montré enthousiaste. Il a ainsi volontiers admis que, même si « le prototype reste assez perfectible, il peut offrir des opportunités fabuleuses ».
Dans le cas d’un incendie sur un site complexe sur lequel les visites de repérage sont délicates, les soldats du feu – par l’intermédiaire de cet outil de réalité virtuelle – auraient alors la possibilité de s’immerger dans une intervention fictive… mais dont l’agencement des bâtiments serait bel et bien réel.
En filmant l’intérieur du site à l’aide d’une caméra, il serait en effet possible de retranscrire ce film en scénario d’intervention pour une « visite immersive » se réjouit notre interlocuteur. Se former sur « la complexité de certains sites, pouvoir s’immerger et permettre à un nombre plus important de personnes de connaître ces lieux » en prévision d’une éventuelle intervention future, telles seraient les principales perspectives de cette technologie aux yeux du directeur du Sdis du Tarn.
Une aide, pas une substitution
Malgré cet a priori positif, Christophe Dulaud ne souhaite cependant pas que ce qui s’apparenterait à un outil complémentaire légitime vienne remettre en cause le processus de formation. « Il ne faut pas abandonner les pratiques de formation au profit de la réalité virtuelle. Cela ne remplacera jamais la formation », conclut-il.
Enseignant-chercheur en génie industriel à l’IMT Albi, Frederick Benaben partage le même avis. Selon lui, cet outil doit avant tout répondre à la question suivante : « Comment se servir de l’immersion pour améliorer la gestion de crise ? ». La réalité virtuelle présente ainsi deux intérêts majeurs à ses yeux, « copier la réalité et s’affranchir de la réalité en rendant concrets des risques abstraits » par la visualisation de ces risques. Avant de conclure sur le fait que la réalité virtuelle doit « montrer » les opportunités à l’utilisateur pour l’aider dans sa décision… et non pas « choisir » pour lui.
Que cela soit du côté des intervenants comme celui des ingénieurs, il n’est ainsi pas question que la réalité virtuelle remplace l’homme dans la prise de décision dans le cadre d’une gestion de crise.
Cela d’autant que certaines conditions présentes dans le cadre d’une intervention – à commencer par la température réelle du lieu, l’adrénaline ou l’appréhension, l’éventuel manque d’oxygène – ne sont pas encore perceptibles par l’utilisateur durant cette immersion virtuelle.
Eitel Mabouong – Journaliste
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