L’hôpital d’Annonay s’est vite remis des flammes
Suite à l’incendie qui l’enflamme le 7 juillet 2016, l’hôpital d’Annonay n’a eu besoin que d’une semaine pour reprendre une activité normale. Même si des travaux ont été nécessaires, les patients étaient toujours accueillis.
Le 7 juillet 2016 peu après 15h…
L’hôpital d’Annonay (aujourd’hui rebaptisé centre hospitalier d’Ardèche nord) est en proie à un important incendie. En cause : des travaux d’étanchéité sur une toiture-terrasse. « C’est un tas de déchets résultant de la dépose du revêtement existant qui aurait pris feu », précise Antony Gouraud, ingénieur hospitalier responsable des services techniques du centre hospitalier.
Les ouvriers alors présents essaient d’enrayer le départ de feu à l’aide d’extincteurs qui se révèlent insuffisants face à ce feu de matériaux très inflammables (il s’agit de goudron). Ils évacuent à temps car l’incendie s’étend rapidement vers cinq grosses bouteilles de gaz servant aux travaux d’étanchéité… Deux explosent. « Ces explosions sont ce qui a causé le plus de dégâts », indique Antony Gouraud.
En effet, elles provoquent la déflagration de baies vitrées favorisant la pénétration d’imposantes fumées dans le bâtiment. Heureusement, les transferts horizontaux sont mis en œuvre immédiatement : certaines personnes présentes dans l’immeuble en flammes sont déplacées dans des bâtiments adjacents.
Au final, cet incendie n’aura causé aucune victime. Les pompiers ont également réagi rapidement, aspergeant les niveaux inférieurs et les baies vitrées pour éviter la propagation des fumées et inondant le toit-terrasse de mousse pour enrayer l’incendie.
Retour à la normale en une semaine
Mais si l’incendie a finalement été maîtrisé, l’hôpital a dû faire face à des problématiques de réorganisation, le temps de l’expertise des assureurs puis des travaux. « L’assureur a déclenché une expertise judiciaire afin de nous faire gagner du temps », rapporte Antony Gouraud.
Ainsi, dès la fin du mois de juillet, toutes les parties concernées se retrouvent sur le toit-terrasse en proie aux flammes quelques semaines plus tôt : la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage et toutes les sociétés intervenantes. Ce jour-là, la décision est prise de réautoriser l’hôpital à mener des travaux d’étanchéité, afin de protéger les étages inférieurs.
« En dessous du chantier qui a pris feu se trouvent la blanchisserie au premier sous-sol et surtout, au second sous-sol, le cœur de l’hôpital, c’est-à-dire toutes les arrivées d’électricité », décrit le responsable des services techniques.
Pour protéger cet endroit stratégique, les travaux d’étanchéité sont en effet essentiels : ils sont entrepris au plus vite et sont terminés fin août.
« Entre-temps, nous avons eu la chance de ne pas subir de dégâts des eaux car nous sommes quand même restés exposés pendant deux mois. Nous avions mis en place un système de récupération d’eau de pluie de fortune avec des containers à déchets équipés de pompes car les exutoires du toit avaient brûlé », raconte-t-il.
La blanchisserie est, quant à elle, délocalisée pendant ces deux mois. Outre ces travaux d’étanchéité urgents, les travaux du bâtiment sont mis à l’arrêt durant cinq mois, le temps que toutes les expertises soient menées. Le nettoyage est également une réelle problématique : 600 m² doivent être nettoyés avant de pouvoir accueillir de nouveau les patients.
Vers 20h, le feu est éteint et une surveillance est organisée pendant la nuit. Sur la photo en Une de l’article, les pompiers couvrent le toit-terrasse de l’hôpital d’un tapis de mousse pour étouffer les flammes et éviter le ruissellement des eaux d’extinction vers les étages inférieurs.
Les fumées ayant pénétré le bâtiment, la zone sinistrée est impropre à une exploitation hospitalière. Car, juste en dessous du lieu de l’incendie se trouvent un bloc opératoire et le service des urgences.
« Ces services ont subi une semaine d’arrêt : le bloc opératoire a été fermé et une partie des urgences a été hébergée dans les locaux du service de consultations externes. Certains patients souhaitant se rendre aux urgences ont été réorientés vers d’autres hôpitaux de la région », explique Antony Gouraud.
C’est le cas également des patients dont l’état nécessite des opérations de chirurgie. Par ailleurs, la maternité se voit contrainte de fermer ses portes puisqu’aucune césarienne ne peut être pratiquée en l’absence de bloc opératoire.
Après quelques jours, tout rentre dans l’ordre. Une seule semaine suffit pour rendre les locaux propres, remonter quelques plafonds et obtenir les résultats des qualifications d’hygiène qui arrivent – heureusement – très vite.
Restent tout de même quelques dysfonctionnements comme la climatisation qui ne fonctionne plus étant donné qu’elle se trouvait sur le toit terrasse. « Des groupes provisoires ont été loués dès le lendemain du sinistre et pendant plusieurs mois, jusqu’à la fin des travaux », spécifie Antony Gouraud.
Une équipe prévention de trois personnes
Afin de ne plus vivre un tel sinistre, l’hôpital a pris différentes mesures et a édicté de nouvelles règles. « Nous exigeons que les personnes qui interviennent sur nos chantiers soient mieux formées », souligne Antony Gouraud.
Autre mesure : les bouteilles de gaz utilisées par les entreprises de travaux doivent être plus petites pour être facilement déplaçables de façon à éviter de telles explosions. « Nous mettons également à disposition des extincteurs à poudre de 50 kg, des extincteurs plus gros donc, pour qu’ils soient plus efficaces ».
Par ailleurs, la surveillance est renforcée. Pendant et après la fin de travaux, des rondes plus régulières ont été mises en place.
« Le Ssiap 1 – ce dernier est obligatoire, le CH Ardèche nord étant un établissement de type U de 2e catégorie – n’intervenait qu’en cas de problème puisqu’il avait un autre poste dans l’hôpital. Il ne réalisait donc pas de missions de prévention. Il y a désormais toujours une personne pour effectuer des rondes ou vérifier un permis de feu », détaille Antony Gouraud.
Les travaux d’étanchéité sont entrepris très vite après l’incendie pour se terminer fin août 2016.
Une équipe de prévention composée de trois personnes qualifiées en sécurité incendie vient donc désormais épauler le Ssiap 1. La place de l’humain dans la prévention incendie est en effet primordiale et ce genre de sinistre permet de le rappeler.
Agnès Oberlin-Gateau, présidente de l’Acses (Association des chargés de sécurité en établissements de soins) invite quant à elle les responsables sécurité à être « psychorigides » et à ne rien laisser passer. « Le risque d’incendie est souvent sous-estimé lors de travaux à l’extérieur mais il est indispensable, pour ces travaux également, d’exiger un permis de feu », insiste-t- elle.
En effet, le cas de l’incendie du CH Ardèche nord prouve qu’un incendie peut se déclarer à l’extérieur pour se propager ensuite à l’intérieur du bâtiment : ce n’est donc pas moins risqué et il faut être tout autant vigilant.
Ève Mennesson
Journaliste
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