Être exposé à la silice cristalline présente un risque élevé : jusqu’à 30 000 travailleurs concernés
L’Anses a publié le 22 mai 2019 les résultats de son expertise sur les risques que présente la silice cristalline sur la santé des travailleurs. Elle émet plusieurs recommandations visant à améliorer la prévention et la protection de ces professionnels.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail tire la sonnette d’alarme : entre 23 000 et 30 000 travailleurs seraient exposés à des niveaux excédant la valeur limite d’exposition professionnelle (Vlep) fixée actuellement à 0,1 mg.m-3. Or, selon l’expertise qu’elle a menée depuis le 16 novembre 2015, les risques sanitaires associés à la silice cristalline sont particulièrement élevés pour la population professionnelle exposée à des niveaux équivalents ou supérieurs à cette valeur limite.
Qu’est-ce que la silice cristalline ?
Minéral naturellement présent dans la croute terrestre, la silice cristalline – ou dioxyde de silicium (SiO2) – est utilisée comme matière première ou additif dans de nombreuses applications ou produits. On la trouve dans le béton, la verrerie, la fonderie, la chimie, les peintures, le caoutchouc…
Elle se présente le plus souvent sous forme de quartz mais la tridymite et la cristobalite sont les deux autres principales variétés de la silice cristalline.
Les dangers qu’elle présente
En 1997, la silice cristalline a été classée comme cancérogène pour l’Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Elle est ainsi susceptible de provoquer un cancer broncho-pulmonaire ou une silicose.
L’expertise de l’Anses confirme une association significative entre une exposition à la silice cristalline et le risque de développer une maladie auto-immune. Celle-ci entraîne un dysfonctionnement du système immunitaire et conduit à l’attaque des constituants de l’organisme.
Les personnels exposés
Près de 365 000 travailleurs en France seraient ainsi exposés par inhalation à la silice cristalline, en particulier au quartz, estime l’Anses. Parmi ceux-ci :
- 23 000 à 30 000 travailleurs seraient exposés à des niveaux excédant la Vlep (0,1 mg.m-3);
- 60 000 travailleurs seraient exposés à des niveaux excédant la Vlep la plus basse proposée au niveau international, soit 0,025 mg.m-3.
La plupart de ces personnels travaillent dans le secteur de la construction. Les autres sont dans la fabrication des produits minéraux non métalliques, de la métallurgie et des industries extractives.
Les recommandation de l’Anses
L’Anses émet dans le rapport de son expertise plusieurs recommandations parmi lesquelles :
- La prévention. L’Anses rappelle « la nécessité d’appliquer les mesures de prévention définies par la directive 2004/37/CE concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérogènes ou mutagènes au travail ». L’agence recommande également de « réviser les Vlep pour la silice cristalline, jugés insuffisamment protectrices, sans faire de distinction entre ses différentes formes ».
- La surveillance médicale.L’Anses recommande « des évolutions du diagnostic et du dépistage de certaines pathologies (silicose, tuberculose, pathologies rénales…) pour des sujets exposés ou ayant été exposés professionnellement à la silice cristalline ».
- La révision des tableaux de maladies professionnelles. Le cancer broncho-pulmonaire est reconnu uniquement en tant que complication de la silicose. Or, son indépendance de la silicose est avérée. L’Anses préconise donc que soit engagée la révision des tableaux de maladies professionnelles en lien avec la silice cristalline.
Quid de la protection des populations ?
Selon l’Agence, « les quelques données connues sur les niveaux d’exposition à la silice cristalline de la population générale ne permettent pas de réaliser une évaluation des risques sanitaires ». Cependant, elle recommande pour la protection de la population :
‐ de surveiller les émissions des carrières, notamment à l’attention des riverains de ce type d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), et que les données issues de cette surveillance soient centralisées et accessibles ;
‐ de sensibiliser aux risques liés à une exposition par inhalation les particuliers qui utilisent des matériaux contenant de la silice cristalline ou qui effectuent des opérations de bricolage (découpe de carrelage ou de béton, ponçage de mortier…).
Martine Porez – Journaliste
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