Risques psychosociaux n°5 – Construire son plan d’actions

23 mai 20196 min
Risques psychosociaux - Construire son plan d'actions. Photo fotomek/Fotolia.com

Risques psychosociaux
n°5 – Construire son plan d’actions

Vous avez analysé vos indicateurs RPS, réalisé un diagnostic approfondi sous forme de questionnaire ou d’entretiens.
Vous souhaitez maintenant construire un plan d’actions
pour prévenir ou réduire les risques psychosociaux.
Cette 5e étape d’une démarche de prévention des RPS doit, comme les autres, être menée avec votre groupe projet.

Après la mise en place des indicateurs et la constitution du groupe projet, la démarche de construction d’un plan d’actions pour prévenir ou réduire les risques psychosociaux (RPS) sera différente selon que le diagnostic a été fait sous forme d’entretiens (collectifs ou individuels) ou sous forme de questionnaire.

Diagnostic RPS sous forme d’entretiens

Un diagnostic réalisé grâce à des entretiens permet d’identifier les risques et les actions à mener de manière très concrète. Le travail avec le groupe projet consiste essentiellement à transformer ces propositions d’actions en un plan d’actions réaliste.

Le groupe projet doit déterminer les priorités, les échéances, les pilotes et les indicateurs de réussite de chaque action. Comptez une journée pour transposer les propositions d’actions issues d’un diagnostic de ce type en un plan d’actions.

Diagnostic RPS sous forme de questionnaire

Un questionnaire permet d’identifier les risques mais est moins précis sur les actions à mener. S’il incluait une question ouverte du style « quelles actions proposez-vous pour améliorer la qualité de vie au travail ? », les réponses des salariés sont souvent évasives, par exemple « améliorer la communication » ou « améliorer l’organisation du travail ». Elles ne permettent donc pas d’identifier des actions de façon précise. Le travail du groupe projet est donc plus conséquent puisqu’il va devoir trouver des actions pour prévenir ou réduire les risques identifiés par le questionnaire.

À ce stade, la méthodologie préconisée est la suivante :

  1. Restituez les résultats du questionnaire à l’ensemble du groupe projet.
  2. Répartissez votre groupe projet en 3 ou 4 sous-groupes en vous assurant que chacun soit composé de différentes fonctions (par exemple un membre du CHSCT, un acteur de santé au travail, une personne de l’équipe RH et un salarié représentant son service).
  3. À la lumière des résultats du questionnaire, chaque sous-groupe identifie les actions prioritaires à mettre en place.
  4. Chaque sous-groupe présente ensuite ses propositions d’actions au reste du groupe. L’animateur (le consultant) les note et aide le groupe projet à construire son plan d’actions.
  5. L’animateur présente ensuite les actions que les salariés ont proposées en répondant au questionnaire. Le groupe projet prend ainsi en compte toutes les propositions des salariés et retient celles qui sont réalisables et à valeur ajoutée.
  6. Il reste à déterminer les priorités, les échéances, les pilotes et les indicateurs de réussite de chaque action. Comptez 2 à 3 jours avec le groupe projet pour transposer les résultats d’un diagnostic mené sous forme de questionnaire en un plan d’actions. Le groupe projet peut aussi s’appuyer sur le document ED 6140 de l’INRS « Évaluer les RPS, l’outil RPS-DU » qui donne des exemples d’actions par type de risque.

Trois types de prévention

Les actions pourront être :

  • en prévention primaire, pour agir sur les causes de RPS. Par exemple, mesurer la charge de travail des services support et s’assurer de l’adéquation charges-ressources ;
  • en prévention secondaire, pour réduire les conséquences du stress. Par exemple, former les salariés en contact avec les clients à la gestion des conflits ;
  • en prévention tertiaire, pour protéger les salariés lorsqu’il y a un souci avéré. Par exemple, mettre en place une procédure en cas de « crise RPS » : agression d’un salarié, suicide, un salarié apprend sur son lieu de travail le décès brutal d’un de ses proches…

Communiquer à l’ensemble des salariés

Dans tous les cas, vous devez ensuite présenter à l’ensemble des salariés une synthèse des résultats du diagnostic et le plan d’actions. Une communication sous forme de réunion est toujours plus efficace qu’une newsletter ou l’intranet. Les salariés qui ont répondu à un questionnaire ou qui ont assisté à un entretien individuel ou collectif attendent en général impatiemment les résultats du diagnostic et surtout le plan d’actions qui en découle. Idéalement, cette communication est faite par le groupe projet.

Élaborer un plan d’actions qui permet d’améliorer la qualité de vie au travail des salariés et la performance de l’entreprise est le but d’une démarche de prévention des RPS. Il reste ensuite à mettre en œuvre ces actions et à communiquer régulièrement les résultats à l’ensemble des salariés. Ce sera l’objet d’un prochain article.

Laurence Petit, DRH d’Europ Assistance France, témoigne :

Quand on se lance dans une démarche de prévention des RPS, la crainte est de ne pas aboutir à un plan d’actions concret et réaliste. Nous avions eu cette déconvenue avec un organisme il y a quelques années. Il avait réalisé un diagnostic et ne nous a fait aucune proposition d’actions. Depuis, nous avons choisi un consultant pragmatique issu du monde de l’entreprise.

Le questionnaire est intéressant quand on veut interroger l’ensemble des salariés et ainsi identifier les facteurs de stress par service et les actions à mener. En réalisant un questionnaire tous les 3-4 ans, cela nous permet également de suivre ce qui s’améliore ou se détériore et l’impact des actions menées.

Les entretiens individuels ou collectifs sont très intéressants quand on veut faire un focus sur un service. Nous l’avons fait récemment pour l’un de nos départements pour lequel nous avions des plaintes de stress. La consultante a réalisé des entretiens individuels avec chaque salarié du service. Elle nous a livré les résultats avec des préconisations d’actions très pragmatiques.

Nous avons ensuite défini les priorités et sommes en train de mettre en œuvre les actions. Dans tous les cas, une démarche de ce type doit être menée de façon très participative avec les salariés et le groupe projet.

Evelyne Barbier

Evelyne Barbier
Feeling Formation. Spécialisée en prévention et gestion des RPS (Risques psychosociaux), Evelyne Barbier accompagne des entreprises dans leur démarche de prévention es RPS (diagnostic, plan d’actions) et anime des formations (RPS et gestion). Elle est IPRP (Intervenant en prévention des risques professionnels), habilitée par l’INRS pour animer en son nom la formation « S’initier à la prévention des RPS », et référencée par la Carsat Hauts de France pour les démarches RPS.

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