Des lieux de travail plus sûrs en Europe avec l’EU-Osha

14 mai 20194 min
Christa Sedlatschek, directrice de l'EU-Osha (Photo EU-Osha_Flickr_Commons_1200x707)

L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-Osha) fête ses 25 ans en 2019. Christa Sedlatschek, sa directrice exécutive depuis 2011, revient sur 25 ans de collaboration et de sensibilisation pour rendre les lieux de travail européens plus sûrs, plus sains et plus productifs.

Pouvez-vous revenir sur la création de l’EU-Osha et sur ses missions ?

Christa Sedlatschek. Au début des années 1990, on dénombrait plus de 4 millions d’accidents du travail chaque année en Europe. Dont 8000 accidents mortels. La Commission européenne a alors déclaré l’année 1992 « Année européenne de la sécurité et de la santé au travail », pour attirer l’attention sur les risques au travail et améliorer les normes de sécurité. Deux ans plus tard, l’EU-Osha était créée. La mission d’alors reste le fondement de notre travail actuel : recueillir et fournir informations, analyses et outils fiables et pertinents pour faire progresser les connaissances, sensibiliser et échanger les bonnes pratiques en matière de santé et sécurité au travail.

Nous voulons être le chef de file dans la promotion de lieux de travail sûrs et sains en Europe. Afin de garantir une économie intelligente, durable, productive et inclusive.

Quelles ont été les évolutions notables en matière de SST ?

C.D. La directive-cadre européenne relative à la sécurité et à la santé au travail (directive 89/391 CEE) adoptée en 1989 a marqué un tournant décisif pour l’amélioration de la sécurité et santé au travail. En garantissant des exigences minimales. Les différentes directives thématiques qui ont suivi sont venues protéger les travailleurs des risques liés aux agents chimiques, aux dangers physiques, aux agents biologiques ou encore aux risques psychosociaux.

La mise en place de l’Observatoire européen du risque de l’EU-Osha en 2005, qui anticipe les modifications de l’emploi et leur impact probable sur la sécurité et la santé au travail, a constitué un jalon important vers des mesures préventives efficaces. Prévenir les risques nouveaux et émergents reste l’une des principales priorités de l’Agence, pour améliorer les conditions de travail. À l’heure actuelle, l’Europe doit faire face :

  • au vieillissement de la main-d’œuvre ;
  • au stress lié au travail ;
  • aux agents cancérigènes ;
  • et à la numérisation croissante du travail.

« Nous allons porter nos efforts sur les TMS »


Quels ont été les principaux progrès réalisés ? Ceux qu’il reste à accomplir ?

C.D. Conformément au cadre européen, les États-membres ont mis en place une stratégie nationale de SST. Le taux d’incidence des accidents entraînant des absences de plus de trois jours a été réduit de 27,9 % dans l’UE entre 2007 et 2011 (Eurostat). Selon une récente enquête Eurobaromètre, 85 % des travailleurs se disent satisfaits de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail. Et 77 % affirment que des informations et/ou une formation SST sont disponibles.

Malgré la réduction significative du nombre d’accidents, en particulier mortels, et l’amélioration de la prévention, les maladies professionnelles restent un enjeu prioritaire. La mise en œuvre de la sécurité et de la santé au travail est par ailleurs difficile pour les PME, qui représentent plus de la moitié de la main-d’œuvre européenne, en raison de leurs ressources limitées et de leur manque de sensibilisation.

Quels défis va-t-il falloir relever dans les années à venir ?

C.D. L’avenir est incertain. Mais nous pouvons nous attendre à de nouveaux défis dus aux nouveaux développements technologiques… Aux pressions politiques et sociétales… Et aux changements de l’économie, de la démographie et de l’UE elle-même.

Les changements anticipés, tels que l’intégration accrue de l’intelligence artificielle, des robots et des objets connectés, redéfiniront la structure du travail et brouilleront les frontières entre la vie professionnelle et la vie privée. À l’EU-Osha, nous allons porter nos efforts sur les troubles musculo-squelettiques (TMS). L’un des problèmes de santé liés au travail les plus courants en Europe.

Notre prochaine campagne 2020-2022 propose un aperçu complet du sujet et des objectifs pour diffuser des outils et informations pratiques. L’une des principales préoccupations de l’Agence est également la réduction du nombre de travailleurs souffrant de risques psychosociaux et de stress lié au travail.

Gaëlle Carcaly
Journaliste

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