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Le facteur humain toujours en pointe dans la panoplie des risques
Cyber-incidents, catastrophes naturelles, sécurité des collaborateurs, incendie… La gestion des risques est plus que jamais un enjeu majeur pour les entreprises. Retour sur les incidents qui ont marqué l’année 2018.
Au vu du nombre d’études se penchant sur les risques auxquels font face les entreprises, on mesure que la prévention fait partie des préoccupations majeures des dirigeants de sociétés. Et plus uniquement des grandes entreprises.
En effet, selon l’étude OpinionWay menée pour QBE France en juin 2018, les PME et ETI françaises sont désormais 78 % à faire apparaître la gestion des risques parmi la liste de leurs enjeux majeurs, contre seulement 65 % en 2018. Et pourtant, le niveau de risque perçu n’a pas augmenté depuis l’année dernière (toujours situé à 73 % selon QBE).
Une perception mouvante fonction de l’actualité
Mais les risques évoluent sans cesse, de nouveaux apparaissent, d’autres se renforcent. La réglementation, également mouvante, rend la perception de certains risques plus importante d’une année à l’autre.
Montée en puissance du risque cyber
C’est notamment le cas du risque cyber. D’après l’étude QBE, 66 % des répondants se disent sensibilisés à ce risque à travers la mise en place du Règlement européen de protection des données (RGPD).
« La perception du risque cyber évolue, notamment grâce au RGPD mais aussi en raison des attaques qui sont plus fréquentes », observe Renaud de Pressigny, directeur général de QBE France.
En effet, si la thématique cyber monte en puissance, ce n’est pas uniquement en raison d’un renfort de la réglementation. Le Baromètre Allianz d’octobre et novembre 2018 mesure lui aussi la montée des incidents : ils rejoignent pour la première fois l’interruption d’activité en tête du classement mondial avec 37 % de citations et occupent même seuls la première place en France (41 %).
Une année marquée par les pertes dans le cyber
Et, selon Corinne Cipière, directrice générale d’Allianz Global Corporate & Specialty France, « cette préoccupation croissante fait suite à une année d’intense activité : WannaCry, NotPetya, une série de pannes informatiques majeures, des atteintes à la protection des données et de scandales liés à la protection de la vie privée. La délinquance cybernétique aurait coûté 600 milliards de dollars en 2018, contre 445 milliards de dollars en 2014 ».
Le RGPD a eu des côtés positifs
Corinne Cipière reconnaît cependant que l’introduction du RGPD, qui a encouragé le durcissement des règles de confidentialité et des amendes dans d’autres parties du monde, fait aussi partie des préoccupations des entreprises. « Les incidents cyber sont de plus en plus susceptibles d’entraîner des litiges, notamment des actions de groupes », pense-t-elle.
41 % des entreprises françaises mettent le risque cyber en n° 1 de leurs préoccupations selon le Baromètre Allianz.
Nadia Côté, directrice générale France de Chubb, pointe quant à elle l’interconnexion du risque cyber avec les autres risques, ce qui en fait un risque encore plus important : « Une atteinte cyber peut générer un risque de responsabilité du dirigeant ou de perte d’image, voire de pollution due à une machine hackée, par exemple. Une attaque cyber peut également entraîner un arrêt de l’activité et donc une perte de chiffre d’affaires ». La troisième édition du Baromètre Chubb des risques émergents réalisée durant l’été 2018 fait d’ailleurs apparaître les risques cyber en deuxième place (35 %).
Risque climatique et catastrophes naturelles
Autre risque mis en avant à travers les différentes études : les catastrophes naturelles.
Le Baromètre Allianz les situe à la 3e place (28 %) et le risque climatique, qui arrive huitième, n’a jamais été classé si haut.
« Les entreprises craignent que les catastrophes naturelles récentes et les phénomènes météorologiques extrêmes ne laissent présager une augmentation des pertes financières et des perturbations. D’autant plus que les impacts devraient s’intensifier au cours des prochaines décennies », analyse Corinne Cipière.
Le Baromètre Allianz rappelle que les catastrophes naturelles ont causé quelque 146 milliards de dollars de pertes économiques en 2018.
Les PME et ETI aussi impactées
Des pertes qui, là encore, ne concernent pas que les grandes entreprises : « Les PME et ETI se sont fortement internationalisées et doivent donc faire face aux mêmes risques que les grandes entreprises, comme par exemple ceux liés aux aléas climatiques », pointe Renaud de Pressigny.
L’étude QBE France observe une augmentation de 9 points des risques naturels. Le Baromètre Chubb révèle également une prise de conscience des risques environnementaux et naturels : les problématiques environnementales préoccupent 42 % des personnes interviewées. « Les déclencheurs ont été à la fois les nouvelles réglementations environnementales mises en place dans le monde, ainsi que l’accélération des débats sur la transition énergétique vue comme une grande mutation génératrice d’opportunités pour 75 % des responsables interrogés », observe Nadia Côté.
Sécurité des employés au cœur des préoccupations
L’étude QBE rapporte que les risques humains sont, cette année encore, ceux les plus identifiés par les PME et ETI françaises (78 %). Les accidents du travail sont cités à 62 %, les maladies professionnelles à 48 %, les risques psychosociaux à 36 %.
La sécurité et la santé des employés est donc au cœur des préoccupations des dirigeants d’entreprise. Ce que ne conteste pas le Baromètre Chubb qui observe que plus d’un tiers (34 %) des répondants placent les risques liés à la sécurité des employés comme l’une des menaces les plus fortes pour l’entreprise.
Des risques liés au recrutement
QBE France remarque également une montée en puissance des risques liés au recrutement : l’étude rapporte que 44 % des dirigeants estiment qu’ils ont augmenté au cours des douze derniers mois. « Nous avons constaté avec étonnement que les risques humains étaient prévalents, notamment celui lié aux difficultés de recrutement, et ce dès notre première étude en 2017 », précise Renaud de Pressigny.
Risques incendie, d’interruption d’activité et financier
Des différentes études rapportent l’importance de nombreux autres risques. Le Baromètre Allianz, par exemple, place le risque incendie à la troisième position (21 %). « 2018 a été remarquable du fait d’une recrudescence du nombre de sinistres incendies – avec des montants moyens et sans commune mesure avec les sinistres de 2017 – expérimentés par des entreprises françaises. Notre Global Claims Review fait par ailleurs ressortir que les incendies constituent la cause principale de sinistres sur les cinq dernières années : ils représentent 24 % de la valeur totale des sinistres enregistrés sur la période 2013 à 2018 », précise Corinne Cipière.
L’étude QBE observe quant à elle une forte augmentation des risques maté- riels, dont fait partie le risque incendie: plus de la moitié des entreprises (51 %) y font face.
L’interruption d’activité
Le risque d’interruption d’activité est également très fort, situé à la première place dans le Baromètre Allianz (et à la deuxième place en France, avec 40 %). Un risque qui se mêle aux autres risques évoqués précédemment. « Les principales causes d’interruption d’activité sont les incidents cyber (50 %), les incendies/explosions (40 %), les catastrophes naturelles (38 %), la défaillance de fournisseurs (28 %) et la panne de machines (28 %) », ajoute Corinne Cipière.
Le risque financier
Le Baromètre Chubb fait quant à lui apparaître le risque financier à la première place de son classement (36 %). « Par risques financiers, nous parlons ici de volatilité des places boursières, des taux de change et risques sur les devises, des bulles financières, des politiques des banques centrales, des risques de crédit… Autant d’éléments à l’effet conséquent sur l’entreprise et contre lesquels elle n’a souvent aucune prise », résume Nadia Côté. Et auquel les entreprises doivent en effet porter une grande attention.
Les enquêtes
Ève Mennesson
Journaliste
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