La fusillade de Columbine, il y a 20 ans

Éric Harris et Dylan Klebold, deux élèves de 18 ans du collège de Columbine dans le Colorado, en plein cœur des États-Unis, arrivent en voiture au collège. Il est 11 h 10 lorsqu’ils se postent, munis de plusieurs armes, à deux endroits stratégiques qui offrent une vue générale sur la cafétéria et les deux entrées principales.

À 11 h 14, une bombe explose à 800 m du collège. Les pompiers arrivent rapidement et éteignent le feu consécutif à l’explosion. Cette diversion, prévue par les deux élèves, leur permet d’entrer dans la cafeteria et d’y déposer deux explosifs. Ceux-ci sont suffisamment puissants pour détruire la cafeteria et peut-être même la bibliothèque du premier étage. Mais ces bombes n’explosent pas. Les deux jeunes retournent à leurs voitures pour y récupérer des fusils d’assaut. Ils se dirigent ensuite vers une entrée du collège et commencent à tirer sur les personnes qu’ils croisent. Une professeur, blessée, parvient à se réfugier dans la bibliothèque et alerte la Police. Mais les deux adolescents arrivent eux aussi dans la bibliothèque, où se sont également réfugiés une cinquantaines d’élèves, et tirent sur certains d’entre eux.

À 12 h 08, après quelques échanges de tirs avec les forces de Police qui viennent d’arriver, les deux meurtriers se suicident.

La tuerie a duré 49 minutes. Le bilan est de 13 morts et 27 blessés.

Les deux tueurs s’étant donné la mort, il n’y a pas eu de procès. Toutes sortes d’hypothèses, plus ou moins fantaisistes, sur les raisons d’un tel massacre ont été avancées :

• des rumeurs pointaient la responsabilité des diffuseurs de jeux vidéo ;
• le film Tueurs nés d’Oliver Stone a été mis en cause car les deux adolescents en étaient fans ;
• les deux tueurs auraient été fascinés par le nazisme ou par le hard rock…

Cinq année après la tragédie, dans un rapport, le FBI a conclu à la psychopathie de Harris et à l’état dépressif de Klebold.

Columbine est l’une des premières tueries scolaires médiatisées. Elle a inspiré le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore en 2002. Mais aussi le film Elephant de Gus van Sant, palme d’or à Cannes en 2003, ainsi que de nombreux livres.

Une étude, publiée en avril 2018 dans le Journal of Child and Family Studies, recense les fusillades de masse perpétrée dans les établissements scolaires aux États-Unis. Elle dénombre 44 fusillades mortelles (comptant au moins 4 personnes tuées ou blessées) survenues depuis 1940 qui ont causé la mort de 121 personnes. Près de 70 % ont été commises par des adolescents.

Chaque fois, le débat sur la vente libre des armes est relancé. Le 2^e amendement de la Constitution américaine dispose que : « Le droit de chacun de posséder et de porter une arme ne doit pas être enfreint (…) ». Selon une étude de 2017 du think-tank américain Pew Research Center, 42 % des Américains ont une arme à feu à leur domicile.

Barack Obama avait tenté de réformer leur contrôle mais le Congrès s’était alors opposé à toute modification de la loi. Son successeur à la Maison Blanche, Donald Trump, proche de la NRA (National Rifle Association), le principal lobby défendant le libre commerce des armes à feu, est opposé à toute restriction.