Baromètre CDSE : le transport inquiète plus que le terrorisme à l’international
Le Baromètre CDSE – AXA Partners, réalisé par Opinion Way, a été dévoilé le mardi 2 avril 2019. À l’occasion de cette 5e édition du « Baromètre de la sécurité des collaborateurs à l’international », les accidents de transport ont détrôné le terrorisme en tête des risques. Le vol d’informations a par ailleurs été évoqué lors de la soirée de présentation des résultats.
La 5e édition du « Baromètre de la sécurité des collaborateurs à l’international » a livré son verdict. La présentation de ce Baromètre CDSE – AXA Partners, réalisé par Opinion Way, se tenait le mardi 2 avril 2019 dans les locaux du siège de l’assureur. Quelques tendances principales se sont ainsi dégagées. À commencer par un changement en tête des risques.
Les accidents de transport en tête du Baromètre CDSE – AXA Partners 2019
* Baromètre CDSE – Axa Partners : étude réalisée auprès de 303 dirigeants, membres du comité de direction (Codir), d’entreprises françaises de plus de 50 salariés, qui ont envoyé ces 12 derniers mois au moins un salarié à l’international.
C’est la première fois que les accidents de transport arrivent en tête. Une première qui découle d’une logique implacable pour Dana Purcarescu, sous-directrice chargée du Centre de situation du centre de crise et de soutien (CDCS), rattaché au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE).
« Depuis qu’on réalise les statistiques du ministère, c’est la première cause de mort violente à l’étranger », confie ainsi l’intéressée.
Sur les trois dernières éditions du Baromètre CDSE, c’est le risque terroriste qui occupait ce rang. La question reste ainsi de savoir pour quelle raison ce risque a perdu 28 % en l’espace d’un an sur le Baromètre CDSE – AXA Partners. Dana Purcarescu a tenté d’apporter un élément de réponse.
« Il n’y a pas moins de morts par attaque terroriste qu’auparavant dans le monde. La menace terroriste reste. Mais il se trouve qu’il y en a moins qui concernent directement les Français », a déclaré notre interlocutrice.
Celle-ci a par la suite évoqué la montée du risque enlèvement. « On voit aussi le risque d’une menace nouvelle sur les personnes, si on regroupe les risques enlèvement, vol et agression. Ce sont des risques dont on parlait moins avant », a-t-elle par ailleurs ajouté.
Le risque enlèvement de plus en plus présent
Directeur souscription, gestion de crise et risques spéciaux chez AXA XL, Mathieu Denarnaud confirme la montée en régime du risque enlèvement… Qui se substitue donc en partie au risque terroriste.
« Le risque terroriste reste un problème pour les actifs des entreprises à l’étranger », annonce ainsi ce dernier. Cependant, pour les risques à la personne, « les entreprises vont avoir en tête de protéger leurs employés en premier, en faisant appel à des évacuations d’urgence », a-t-il ensuite confié.
Autrement dit, les solutions de prévention sur le risque terroriste s’avèrent suffisamment efficaces aux yeux des entreprises. Au contraire du risque enlèvement…
« On voit de plus en plus les enlèvements se développer d’un point de vue urbain. Et plus uniquement sur les théâtres de guerres, avec des enlèvements politiques. Il s’agit désormais d’un développement criminel. Pas seulement sur les enlèvements. Mais aussi sur les vols et extorsions », a renchéri Mathieu Denarnaud.
Le vol d’informations s’invite au débat
Montée pour certains risques, baisse pour d’autres… Voire carrément absence pour quelques-uns. Notamment en ce qui concerne le vol d’informations… Un risque nullement évoqué dans ce Baromètre CDSE – AXA Partners réalisé par Opinion Way. Cela pour une raison simple : l’intégrité physique des collaborateurs est la première source d’inquiétude aux yeux des personnes interrogées lors de la réalisation de ce sondage.
Malgré cette absence au premier plan, le vol d’informations n’a pas pour autant été écarté du débat. Vice-président du Club des directeurs de sécurité et sûreté des entreprises (CDSE) délégué aux questions internationales et directeur de la sécurité et de l’intelligence économique du groupe EDF, Émile Perez n’a pas hésité à parler de « risque mortel ».
« Le vol d’informations peut être un risque mortel pour une entreprise. Au-delà de l’ingérence concurrentielle, une ingérence étatique peut se développer. Il n’est pourtant pas rare de voir les collaborateurs se connecter sur un réseau à l’étranger sitôt leur arrivée à l’aéroport. Les entreprises ne peuvent pas avoir une réaction de Bisounours sur ce sujet. (Cela nécessite) la diffusion d’une culture de sécurité. »
Émile Perez.
« Rappeler la réalité des risques »
L’idée générale qui se dégage de ce Baromètre CDSE – AXA Partners 2019 reste malgré tout le ressenti des dirigeants sur l’insécurité à l’international pour les entreprises françaises. 36 % des sondés annoncent ainsi qu’ils jugent cette insécurité « faible » à l’étranger. Soit une hausse de 10 points en un an.
« Le monde ne change pas d’une année sur l’autre. Ce qui a changé, c’est la préparation face à la menace », prévient Dana Purcarescu.
La frontière entre « préparation efficace » est excès de confiance reste cependant très mince. Selon ce même sondage, 50 % des dirigeants interrogés estiment que leur « entreprise n’est exposée à aucun risque à l’international ». Pour 1 sur 5 (21 %), les salariés envoyés à l’étranger ne courent tout simplement « aucun risque ».
Directrice de la sûreté du groupe Accor, Muriel Leveque a lancé un message d’alerte afin d’éviter tout excès de confiance. « La crainte est de vouloir minimiser les risques pour éviter les contraintes de développement de l’entreprise à l’international. Il ne faut pas oublier de rappeler la réalité des risques qui peuvent échapper à (certains responsables) », a-t-elle prévenu.
« La vie en elle-même est un risque »
Le message de Muriel Leveque a d’ailleurs partagé par Émile Perez. « Même dans un contexte géopolitique qui pourrait sembler plus calme, les entreprises françaises doivent redoubler de vigilance pour la sécurité de leurs collaborateurs à l’étranger », confiait en ce sens l’intéressé. Avant d’ajouter en guise de conclusion.
« Pour se développer à l’international, une entreprise doit prendre des risques. Ne pas en prendre la ferait disparaître… Trop en prendre la ferait également disparaître. La vie en elle-même est un risque. Les entreprises doivent être capable de prendre le risque juste. Les directions générales peuvent compter sur l’expertise des directions sécurité-sûreté et des services de l’Etat pour optimiser leur politique de sûreté. »
a conclu le vice-président du CDSE délégué aux questions internationales.
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Eitel Mabouong – Journaliste
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