Risques psychosociaux n°2 – Constituer un groupe projet pluridisciplinaire

28 février 20196 min

Une démarche de prévention des RPS (risques psychosociaux) bien menée contribue à l’amélioration du climat social dans l’entreprise. Pour cela, la constitution du groupe projet est une étape-clé car c’est lui qui va piloter la démarche dans le temps.

Qui doit mener la démarche de prévention ?

L’analyse des indicateurs RPS (risques psychosociaux) a montré la présence de RPS dans votre entreprise (cf. article n° 1, Mettre en place les indicateurs). Vous souhaitez vous engager dans une démarche de prévention. Pour que celle-ci soit réussie, qui doit la mener ? La réponse de l’INRS est très claire. Il faut constituer un groupe projet pluridisciplinaire composé de :

  • membre de la direction, par exemple DRH, directeur HSE, directeur ;
  • membres du CHSCT ;
  • animateur sécurité.
  • médecin du travail et/ou infirmière ;
  • salariés volontaires représentant les différents services de l’entreprise ;
  • assistante sociale, s’il y en a une.

Pourquoi ? Parce que si la démarche est menée par un seul type d’acteurs, que ce soit la médecine du travail, les membres du CHSCT ou les Ressources humaines, les autres acteurs peuvent la juger partiale et la contester. Alors que si la démarche est menée en groupe projet pluridisciplinaire, il s’agit d’une co-construction dans laquelle chacun apporte ses idées, propositions, remontées terrain.

Quelles sont les missions du groupe projet ?

Les quatre missions du groupe projet sont les suivantes :

  • piloter la démarche de prévention des RPS (diagnostic, plan d’actions) ;
  • informer et conseiller la direction (le groupe projet n’est pas décideur) ;
  • informer l’ensemble des salariés sur l’avancement du projet, les résultats, les actions menées ;
  • assurer le suivi des actions et des indicateurs.

Le groupe projet doit faire en sorte que les indicateurs RPS (risques psychosociaux) qui sont au vert le restent. Et que ceux qui sont à l’orange, ou au rouge, s’améliorent.

Le groupe projet doit faire en sorte que les indicateurs RPS qui sont au vert le restent et que ceux qui sont à l’orange et au rouge s’améliorent.

Concrètement, comment constituer votre groupe projet ?

  1. Faites la liste des personnes qui sont membres du groupe projet du fait de leur fonction : membres du CHSCT, HSE, RH, acteurs de santé.
  2. Notez pour chacun d’eux leur service, catégorie socio-professionnelle, ancienneté, âge et sexe.
  3. Faites la liste des profils qui manquent. Par exemple, une femme opératrice ayant moins de 3 ans d’ancienneté ou un homme cadre de plus de 50 ans au service administratif.
  4. Parmi les salariés répondant à ces critères, choisissez les personnes à l’aise en communication, sachant travailler en groupe projet et qui oseront s’exprimer au sein du groupe. Évitez l’appel à candidature qui pourrait frustrer ceux qui ne seraient pas retenus.
  5. Si votre entreprise a un responsable de la communication interne, il peut être judicieux de l’intégrer au groupe projet. La communication à l’ensemble des salariés est un élément clé pour réussir une démarche de prévention des RPS.
  6. Fixez des règles claires sur le temps alloué aux membres du groupe projet et expliquez leur rôle à leurs managers.

Combien de personnes doivent faire partie du groupe projet ?

Pour qu’un groupe fonctionne bien, l’idéal est de ne pas dépasser douze personnes. Si les membres du CHSCT sont très nombreux, vous pouvez demander à chaque organisation syndicale ayant plusieurs membres au CHSCT d’en nommer un. Cela vous permettra de constituer votre groupe projet, par exemple avec quatre ou cinq membres du CHSCT, un RH, un HSE, un acteur de santé et quatre salariés représentant les autres services.

Si votre entreprise est de petite taille (moins de 50 salariés), reportez- vous à notre article n° 3 “Identifier les risques” sur l’intégration des RPS dans le document unique d’évaluation des risques (DU).

Qui est le chef de projet ?

En général, le chef de projet est une personne du service RH ou HSE. Il faut qu’il ait de réelles capacités à mener un groupe en mode projet : expliquer les objectifs, faire adhérer, faire participer, synthétiser, organiser les réunions, etc. Vous pouvez bien sûr vous faire aider par un consultant spécialiste de la prévention des RPS pour réussir cette démarche.

Dans le cas d’entreprises qui ont plusieurs sites, il est conseillé de faire un comité de pilotage au niveau national. Et ensuite un groupe projet par site. C’est le même principe que pour le DU : chaque site et chaque unité de travail a ses propres risques qu’il faut évaluer pour les prévenir et les réduire.

Une fois le groupe projet constitué, quelles sont les prochaines étapes ?

  1. Former les membres du groupe projet : que sont les RPS, leurs causes, leurs conséquences, le cadre juridique, le rôle de chaque acteur, les six étapes d’une démarche de prévention (cf. INRS ED 6011).
  2. Leur présenter l’analyse des indicateurs de dépistage des RPS (cf article n°1 –Mettre en place les indicateurs)
  3. Décider avec le groupe projet de la manière dont sera mené le diagnostic : entretiens individuels ou collectifs, questionnaires, etc.
  4. Choisir une méthodologie et établir un planning.

Le docteur Gérard Couteux, du Centre de santé interentreprises AST 62-59, témoigne :

“Je suis le médecin du travail de la Caisse primaire d’assurance maladie de l’Artois. Cette entreprise de 800 salariés a choisi de faire sa démarche RPS avec un groupe de travail auquel j’ai participé avec l’accompagnement d’une intervenante extérieure. Pour constituer le groupe de travail, le DRH, avec l’aide du CHSCT, se devait de trouver parmi son personnel les meilleurs représentants aussi bien dans la répartition géographique, professionnelle, institutionnelle que hiérarchique, les personnes « ressource » porteuses d’idées surtout au moment de l’élaboration du plan d’action. Le groupe a été renforcé par l’assistante sociale et une personne du service communication. Après une formation menée par l’intervenante extérieure et moi-même sur les risques psychosociaux, notre groupe de 11 personnes s’est réuni régulièrement en respectant le planning établi au début du projet. Nous avons fait un diagnostic approfondi sous forme de questionnaire. Puis nous avons élaboré ensemble le plan d’actions grâce aux résultats du diagnostic. La présence du DRH a été très utile pour l’application du plan d’action, étant le relais du groupe de travail auprès du comité de direction de l’entreprise. La chargée de communication a apporté l’information nécessaire aux salariés. La pluridisciplinarité a pris ici tout son sens pour réussir ce projet.”
Evelyne Barbier

Evelyne Barbier
Feeling Formation. Spécialisée en prévention et gestion des RPS (Risques psychosociaux), Evelyne Barbier accompagne des entreprises dans leur démarche de prévention es RPS (diagnostic, plan d’actions) et anime des formations (RPS et gestion). Elle est IPRP (Intervenant en prévention des risques professionnels), habilitée par l’INRS pour animer en son nom la formation « S’initier à la prévention des RPS », et référencée par la Carsat Hauts de France pour les démarches RPS.

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