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Le dérèglement climatique, facteur aggravant de l’incendie en Corse ?

28 février 2019•Eitel Mabouong•4 min•

Un violent incendie touche la Corse depuis la soirée du samedi 23 février 2019. Quatre jours après le départ des flammes, le feu s’est propagé sur l’île. La thèse du réchauffement climatique a notamment été avancée pour expliquer la ténacité de l’incendie.

Les chiffres sont éloquents au moment d’évoquer cette vague d’incendies qui touche la Corse depuis le samedi 23 février au soir. D’après les premiers éléments de l’enquête, dévoilés par France 3, le premier feu aurait débuté aux alentours de 20h.

15 000 hectares ravagés par l’incendie en Corse

Avec l’impact du vent, qui soufflait à 90 km/h ce soir-là, plusieurs départs de feu se sont succédé. En moins de vingt-quatre heures, ce sont ainsi 48 départs de feu qui ont été signalés sur l’Île de Beauté (33 en Haute-Corse et 15 en Corse-du-Sud).

Si la grande majorité de ces feux ont rapidement été maîtrisés par les sapeurs-pompiers, l’incendie de Calenzana – décrit comme « le plus virulent » par les autorités locales – n’a officiellement été maîtrisé que dans la matinée du mercredi 27 février. Soit plus de trois jours après le début de cette vague d’incendies en Corse.

Au total, les feux ont, selon les sources, ravagé entre 13 000 et 15 000 hectares de végétation durant ce laps de temps. Au plus fort de l’action, cette catastrophe climatique aura nécessité l’intervention de 170 hommes en Haute-Corse et 163 de Corse-du-Sud. Plus de 350 personnes (pompiers, gendarmes…) ont ainsi été mobilisées depuis samedi.

Outre les renforts humains, ces incendies ont également fait l’objet d’un renfort matériel. C’est en effet l’information dévoilée par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, dans la journée du dimanche 24 février.

« 5 bombardiers d’eau (étaient) engagés pour appuyer nos sapeurs-pompiers au sol : 3 canadairs et 2 « Tracker » de la base de Nîmes-Garons. Des renforts sont également dépêchés sur place », a ainsi lâché l’intéressé sur son compte Twitter.

Écobuage plutôt que réchauffement climatique

Si l’enquête n’en est qu’à ses balbutiements, deux thèses ont d’ores et déjà été placées sur la table. La piste accidentelle (via les écobuages) et le dérèglement climatique. Pour le général Jacques Plays, commandant de la légion de gendarmerie de Corse, la piste accidentelle est une évidence.

« Il ressort à ce stade des trois enquêtes des éléments qui ne portent que sur des origines accidentelles ou des écobuages mal maîtrisés », annonce ainsi ce dernier pour 20 Minutes.

Les deux thèses ne sont pas antagonistes et l’état de sécheresse pourrait bien avoir favorisé la non-maîtrise des écobuages. À tel point que certains parlent de gestes criminels tant la sécheresse aurait dû, à l’évidence, conduire les intéressés à reporter leurs travaux sur la végétation.

L'écobuage en deux mots...

Mode de préparation à la culture d’un terrain engazonné, consistant à en détacher, sécher puis brûler la couche herbue (avec la terre adhérant aux racines), pour y répandre ensuite les cendres.

(Définition Larousse)

Pour Josiane Chevalier, préfète de Corse, le dérèglement climatique a aussi une part prépondérante dans ces multiples départs d’incendie.

« Le réchauffement climatique est un paramètre, j’en suis convaincue. Quand il fait 20 degrés comme c’était le cas ces derniers jours, ce ne sont pas tout à fait des températures normales de février ! Et le taux d’humidité est de 8 %. Bien inférieur à ce qu’il est en été, en pleine chaleur », a ainsi lâché Josiane Chevalier auprès de 20 Minutes.

Cette dernière a par la suite donné des conseils pour éviter que ce genre de catastrophe naturelle ne se reproduise.

« Le paramètre le plus important est le paramètre humain. Quand il y a du vent, il ne faut pas faire de feu. J’ai encore vu des gens pratiquer l’écobuage. Ce n’est pas possible ! (…) Mais il y a aussi un cumul de circonstances aggravantes, dont le vent et la sécheresse », assène Josiane Chevalier en guise de conclusion.

En attendant le verdict, la mairie de Calenzana a d’ores et déjà déposé une plainte pour « destruction volontaire ». Autant dire que la thèse de l’écobuage semble faire son chemin.