Risques psychosociaux n° 1 : Mettre en place ses indicateurs
La gestion des RPS (risques psychosociaux) en entreprise nécessite une approche globale et exhaustive qui pourrait rebuter plus d’un responsable. Cet article est le premier d’une série qui vise à fournir les clés d’une approche rationnelle de la prévention de ces risques.
Sommes-nous vraiment concernés par les RPS ?
Nombreuses sont les entreprises qui, souhaitant se lancer dans une démarche de prévention des risques psychosociaux (RPS), se trouvent confrontées à beaucoup de questions légitimes : « Par quoi démarrer ? Ne va-t-on pas ouvrir la boîte de Pandore ? Nous n’avons pas de suicide ni de harcèlement dans notre entreprise, sommes-nous vraiment concernés par les RPS ? »
Alors par où commencer ? Comment dépister la présence des RPS dans votre entreprise ? Comment évaluer leur dimension collective et leur évolution dans le temps ?
Le guide “Dépister les risques psychosociaux, des indicateurs pour vous guider” (ED 6012), publié par l’INRS et téléchargeable gratuitement sur son site, apporte nombre de réponses à ces questions. Il propose d’analyser 70 indicateurs sur les trois dernières années qui permettront d’identifier la présence de RPS ou non. Ils portent sur les thèmes suivants :
- le fonctionnement de l’entreprise : temps de travail, mouvements du personnel, activité de l’entreprise, relations sociales dans l’entreprise, formation et rémunération, organisation du travail ;
- la sécurité : accidents du travail ;
- la santé : maladies professionnelles, situations graves ou dégradées (violences, harcèlement, suicides), stress chronique, activité du service de santé.
Que l’on se rassure, la plupart de ces indicateurs sont à disposition dans divers documents. Il s’agit de les rassembler et de les présenter de manière visuelle pour pouvoir en faire une analyse.
Comment faire ?
1. Imprégnez-vous du document de l’INRS pré-cité.
2. Munissez-vous pour les trois dernières années du bilan social, du rapport annuel du CHSCT, du rapport annuel du médecin du travail.
3. Complétez les tableaux des indicateurs.
4. Choisissez des indicateurs qui ont du sens. Si votre effectif a subi d’importantes variations, il peut être plus pertinent de raisonner en pourcentage plutôt qu’en chiffres bruts, de prendre par exemple le nombre de jours d’absence par salarié au lieu du nombre de jours d’absence total.
5. Plus vous analysez les indicateurs par service, atelier ou site et plus votre analyse est pertinente. Par exemple, l’analyse des indicateurs pour une entreprise qui opère quatre plateformes téléphoniques faisait ressortir que l’une d’elles était beaucoup plus dans le rouge que les autres…
6. Comparez vos indicateurs aux données nationales et régionales (baromètre INPES, résultats d’enquêtes de la Dares…). Cela vous permet de vous situer, de voir vos points forts et points de vigilance.
7. Vous pouvez aussi demander à votre Carsat un certain nombre d’indicateurs de votre entreprise comparée aux autres (accident de travail, maladie professionnelle…).
8. Présentez chaque indicateur sous forme de graphique sur les trois dernières années. Un graphique en trois colonnes est beaucoup plus parlant que trois chiffres.
9. Faites parler les chiffres pour interpréter ces indicateurs en suivant les recommandations du document de l’INRS. Par exemple un indicateur isolé n’est pas forcément pertinent, c’est l’analyse croisée des indicateurs qui est intéressante.
10. Faites une synthèse des indicateurs au vert, à l’orange et au rouge.
11. Décidez de la suite à donner en fonction du résultat de ce pré-diagnostic.
12. Faites cette analyse chaque année sur les indicateurs que vous avez retenus.
Pourquoi effectuer cette analyse ?
Les entreprises qui réalisent ou font réaliser cette analyse estiment que cela permet :
- d’objectiver la situation de l’entreprise au regard des RPS, comme un « bilan de santé RPS de l’entreprise » ;
- de prendre une décision sur la suite à donner : diagnostic approfondi, sous quelle forme ?
- de partager un état des lieux de départ entre les différents acteurs (direction, RH, CHSCT, médecine du travail…) ;
- et de suivre dans le temps le résultat des actions de prévention. Le but est de faire en sorte que les indicateurs au vert restent au vert et d’améliorer ceux qui sont à l’orange ou au rouge.
Certaines entreprises ont des freins ou des réticences à faire ce prédiagnostic en pensant au temps nécessaire. C’est vrai, cela prend du temps. On peut aussi se faire aider par un consultant spécialiste des RPS qui en fera gagner beaucoup et aidera à faire une analyse pertinente.
Il y a aussi la crainte de ne pas avoir tous les indicateurs à disposition. C’est vrai aussi. Peu d’entreprises sont capables de regrouper les 70 indicateurs. Ce n’est pas grave. Rassemblez les indicateurs que vous avez déjà et faites-en une analyse pertinente.
Au final, quand vous présenterez votre analyse, on vous dira certainement : « C’est incroyable, ça permet vraiment d’objectiver des choses qu’on ressentait ».
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Evelyne Barbier
Spécialisée en prévention et gestion des RPS (Risques psychosociaux), Evelyne Barbier accompagne des entreprises dans leur démarche de prévention es RPS (diagnostic, plan d’actions) et anime des formations. Elle est également IPRP (Intervenant en prévention des risques professionnels), habilitée par l’INRS pour animer en son nom la formation « S’initier à la prévention des RPS », et référencée par la Carsat Hauts de France pour les démarches RPS.
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