Les incendies sont-ils plus nombreux que par le passé en France ?

18 février 20195 min
Les incendies sont-ils plus nombreux qu’auparavant en France (Incendie Rouen 2010, Photo David Kapp, Face au Risque)

Ce début d’année 2019 est particulièrement chargé concernant le nombre d’incendies en France. En l’espace de huit semaines, pas moins de cinq feux majeurs ont fait la « Une » des médias français. Une tendance qui laisse penser que le nombre d’incendies est en constante progression ces dernières années.

Il faut croire que les incendies ne cessent de se multiplier depuis le 1er janvier dernier. En moins de cinquante jours sur ce début d’année civile, pas moins de cinq incendies majeurs ont fait la « Une » des médias.

Courchevel 1 850, l’Université Claude Bernard (Lyon 1), la rue de Trévise (Paris IXe), la rue Erlanger (Paris XVIe) ou encore la route de Vienne (Lyon 8)… Chacun de ces événements aura tour à tour occupé l’espace médiatique français depuis la mi-janvier. Certains d’entre eux ont notamment débouché sur des pertes humaines. À ceux-là, on peut encore ajouter les incendies de la Porte d’Orléans (Paris XIVe), d’Europoly ou encore du restaurant du chef étoilé Yannick Delpech du côté de Toulouse.

Des incendies de moins en moins nombreux

Un grand incendie par semaine en moyenne… Tout porte ainsi à croire que le nombre de bâtiments ravagés par les flammes est en forte progression dans l’hexagone ces derniers mois. Il s’agit pourtant d’une simple idée reçue. Les incendies enregistrés par le gouvernement sont en effet en baisse sur la dernière décennie. De 2009 à 2017, on est ainsi passé de 343 300 incendies recensés par le ministère de l’Intérieur à 306 300 (voir Quels types de feu en France plus bas). Soit une baisse moyenne de 37 000 feux en moins de dix ans.

Nombre d'incendies annuels recensés en France entre 2009 et 2017

Source : « Les statistiques des services d’incendie et de secours » (Rapport annuel du ministère de l’Intérieur).

Alors que les chiffres sont en baisse, la question est désormais de savoir pour quelle raison l’impression d’ensemble laisse penser le contraire ? La réponse se trouve sans aucun doute dans le traitement médiatique de ces actualités. Il y a encore une quinzaine d’années, il fallait attendre l’ouverture des journaux télévisés de 13h ou 20h pour voir les images de ces drames.

Des répercussions médiatiques en hausse constante

En 2019, pas moins de quatre chaînes d’information en continu sévissent dans le milieu télévisuel français : BFM TV, CNews, LCI et France Info sont ainsi accessibles en clair. Il ne se passe en ce sens pas un quart d’heure sans que ces images, si rares autrefois, ne refassent leur apparition sur les écrans de télévision.

Aux chaînes de télévision de la TNT (Télévision numérique terrestre), il faut encore ajouter les pure players (médias existant uniquement sur le Web). Brut ou encore RT, pour les images en direct et en continue sur Facebook et YouTube, les sites Internet des groupes médiatiques pour les articles écrits… Aujourd’hui, il est ainsi devenu envisageable de suivre une seule et unique information 24h/24 en seulement trois clics.

La preuve par les chiffres avec Google Trends, qui calcule la fréquence de recherche des mots sur le moteur de recherche. Lorsque le mot « Incendie » est tapé sur cet outil, et qu’une recherche sur les cinq dernières années en France y est associée, le feu meurtrier de la rue Erlanger apparaît en 4e position… Derrière « l’incendie de Californie » (datant de 2018), « l’incendie du Portugal » (2017) et « l’incendie de la Tour de Londres » (2017), qui restent pour le moment les trois plus recherchés sur le web par les résidents de France métropolitaine.

Vu sous un autre angle, un événement – qui remonte à une dizaine de jours seulement – a été autant recherché sur les cinq dernières années que d’autres dont les faits remontent à deux ou trois ans.

Une seconde vie sur les réseaux sociaux

Reste que l’impact médiatique ne se limite plus aux simples médias traditionnels. Une photo ou une vidéo postée par un individu lambda sur Twitter ou Facebook, relayée puis vue une centaine de fois, permet en effet d’alimenter encore davantage un événement. Un retweet ou une réponse à un post Facebook, lié à ce même événement d’actualité, relance également le sujet.

Preuve en est avec un article publié par Midi Libre le dimanche 17 février 2019 sur l’incendie de la rue Erlanger. Ce dernier retrace le profil psychologique de la suspecte et son parcours en hôpital psychiatrique. En quelques heures, le papier a reçu 10 commentaires et a été partagé 18 fois sur les réseaux sociaux. S’il n’occupe plus la première place des recherches sur Facebook ou Twitter, l’incendie de la rue Erlanger reste malgré tout encore actif dix jours après les faits.

L’actualité entre deux incendies restant constamment à température ambiante, cet ensemble d’éléments laisse ainsi penser que leur nombre a augmenté en France. Tout sauf une réalité si on se réfère aux statistiques des Sdis de France (voit graphique ci-dessus), dévoilé par le ministère de l’Intérieur.

Pour 25 à 30 % des incendies annuels recensés par le ministère de l’Intérieur, il s’agit d’un feu d’habitation. Dans 20 % des cas, il s’agit d’un feu de véhicule. Les feux de végétation et ceux déclarés sur la voie publique avoisinent également la barre des 20 % chacun.
Chaque année, ces quatre types de feu représentent dans les faits entre 85 et 90 % des incendies recensés en France par le ministère de l’Intérieur.
Eitel Mabouong, journaliste à FAR

Eitel Mabouong
Journaliste

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