Les musées de Paris œuvrent pour la protection du patrimoine
Les musées publics de Paris, regroupés sous le terme Paris Musées, ont mis en place un plan de sauvegarde des œuvres (PSO) en cas de risques d’incendie ou de catastrophes naturelles.
Paris Musées est un établissement public administratif, créé le 20 juin 2012 par la ville de Paris. Il est chargé, depuis le 1er janvier 2013, de la gestion des 14 musées de la capitale et totalise plus d’un million d’œuvres. Cet établissement d’environ 1 000 personnes soutient la mission d’équipement culturel de premier plan au service des parisiens : préservation, valorisation et enrichissement des collections, élargissement des publics, qualité et succès des expositions, adaptations aux nouvelles technologies, partenariat avec d’autres musées et institutions culturelles en France et à l’étranger. Paris Musées contribue ainsi au rayonnement national et international des musées parisiens.
L’objectif d’un plan de sauvegarde des œuvres
Il existe déjà de nombreuses procédures pour sauver des vies humaines. La protection des biens culturels nécessitent également un plan afin de sauvegarder notre patrimoine. Le plan de sauvegarde des œuvres (PSO) a pour vocation lors de sinistres de grande ampleur, de protéger les œuvres en les évacuant, soit vers des étages supérieurs, soit vers d’autres lieux.
Lorsqu’un sinistre important survient (incendie, inondation, effondrement de structure…), le PSO doit être activé dès lors qu’il y a un risque pour les œuvres. Les documents du PSO doivent être opérationnels et concis. Dans le cas contraire, les acteurs du PSO ne seraient pas en mesure, faute d’informations pratiques, de mettre en oeuvre des actions rapides et efficaces.
Le référent-cadre du musée utilisant le PSO est nommé le coordinateur. Il planifie les opérations de sauvetage des collections, en relation avec le commandant des opérations de secours (COS) des sapeurs-pompiers dans le cas d’un incendie. Le COS dirige ses équipes pour évacuer les œuvres selon les indications fournies par le coordinateur. De ce fait, tous les documents doivent être synthétiques et connus des personnels des musées.
La réglementation
Depuis la convention de La Haye en 1954, il est entendu que le patrimoine culturel susceptible de subir des dommages suite à des catastrophes naturelles doit être protégé. Mais il est question de plan de sauvegarde des œuvres pour la première fois en 2006 dans le guide Orsec. Tout bâtiment abritant des biens culturels doit donc s’auto-organiser pour faire face aux risques.
Dix ans plus tard, ce plan de sauvegarde constitue une priorité pour le ministère de la Culture dans sa directive nationale d’orientation 2016-2017. La note de la direction générale des patrimoines de 2016 sur « le plan de sauvegarde des biens culturels » précise chaque étape à réaliser afin d’aboutir à un plan mis à jour et testé par des exercices.
Toutefois, il n’existait pas jusqu’à présent d’outil méthodologique synthétique. Paris Musées a donc souhaité doter les musées d’un tel outil permettant d’accompagner les institutions patrimoniales dans la rédaction de ce plan.
1 PSO = 1 risque majeur
Il est important de noter qu’un PSO crue n’est pas un PSO incendie pour trois raisons principales :
– l’organisation n’est pas la même. Par exemple, en cas d’incendie ce sont les sapeurs-pompiers qui évacuent les œuvres vers l’extérieur. Tandis que lors d’une crue ce sont les personnels des musées qui les évacuent vers des niveaux supérieurs ;
– les œuvres prioritaires ne sont pas les mêmes ;
– l’incendie est un risque à effet immédiat alors que la crue est un risque à effet différé, que l’on peut anticiper.
En revanche pour les risques à effet immédiat comme la tempête, le mouvement de terrain, le PSO à mobiliser s’apparentera à un PSO incendie.
Élaboration du PSO
Deux étudiantes en Master 2 de Conservation préventive du patrimoine de Paris 1 ont été contactées par Paris Musées afin d’effectuer un stage dans le but de concevoir un guide méthodologique permettant d’accompagner pas à pas les musées dans la réalisation du PSO.
Pour ce faire, Mylène Florentin et Lora Houssaye ont élaboré les PSO des expositions de quatre musées (ERP de type Y) conservant des typologies de collections variées (sculpture, textile, tableaux, arts graphiques…).
Bénéficier de l’expérience des autres. Le premier travail a consisté à récolter des informations sur le plan de sauvegarde. Il est apparu que la plupart des documents réalisés sont issus des archives et des bibliothèques, mais aussi de certains musées de la ville de Paris qui avaient plus particulièrement travaillé sur ces aspects, comme le Musée du Petit Palais. Plusieurs rencontres avec des acteurs d’institutions patrimoniales ont permis de recueillir les informations nécessaires à la réalisation de documents type.
Produire une analyse des risques par site. Cette analyse des risques a permis de conforter l’identification des risques déjà effectuée, en déterminant quels étaient les risques majeurs pour la commune de Paris et par site. Puis, à l’aide d’un questionnaire d’évaluation orienté vers la création de PSO (référentiel), un état des lieux a été réalisé au sein de chaque établissement. Un bilan et des propositions d’améliorations ont été dressés pour augmenter ou maintenir le niveau de protection. Cette analyse des risques permet donc de produire des PSO adaptés aux risques majeurs identifiés.
Réaliser les documents du PSO incendie : un travail d’équipe. C’est grâce à l’implication de quatre musées volontaires et à un travail collaboratif avec eux que les PSO ont été réalisés. Les casernes de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), dont dépendent les musées, ont été impliquées afin d’avoir leur avis sur les documents élaborés.
Accompagner les musées : guide d’élaboration des PSO
À l’issue de ce travail, un guide d’élaboration pour les PSO incendie a été rédigé avec pour objectif d’expliquer étape par étape la manière dont se conçoit un plan de sauvegarde des œuvres. Ce guide se compose notamment d’un glossaire, d’un rappel de la législation puis des quatre étapes détaillées ci-après.
1) Analyser les risques. Phase préalable et indispensable à la réalisation d’un PSO. L’objectif est d’identifier les risques majeurs, d’effectuer un état des lieux et de hiérarchiser les risques identifiés.
2) Concevoir le PSO. Avec les conservateurs, être capable de prioriser les œuvres (priorité 1 et priorité 2), puis de déterminer les scénarios d’évacuation des œuvres en cas d’incendie (zone de transit, de repli) et identifier les acteurs du PSO.
3) Matérialiser le PSO. Formaliser le PSO en rédigeant des documents opérationnels et synthétiques :
- un volet musée (destiné aux acteurs du PSO) ;
- un volet pompiers (destiné au commandant des opérations de secours des sapeurs-pompiers) ;
- des fiches œuvres (destinées à être livrées aux binômes d’intervention des sapeurs-pompiers) ;
Ces documents plastifiés et au format A3 sont rangés dans un classeur.
4) Mettre à jour le PSO. La réalisation d’un plan de sauvegarde demande du temps mais il ne faut pas oublier de le faire vivre pour qu’il soit opérationnel le « jour J ». Il faut le mettre à jour régulièrement, se l’approprier et le partager par des formations et des exercices au sein de son institution. Il est important d’impliquer tous les personnels de l’institution ainsi que les services de secours qui seront amenés à intervenir en cas de sinistre.
Exemple de fiche de sauvegarde d’une oeuvre destinée aux binômes d’intervention des sapeurs-pompiers.
Le plan déployé par Paris Musées pour améliorer les PSO
À ce jour, l’objectif est d’uniformiser nos plans de sauvegardes des œuvres (incendie et inondation), afin de permettre à chacun des personnels, s’il devait intervenir sur un autre établissement, de retrouver des procédures semblables à ce qu’il peut connaître dans son propre établissement.
Le travail effectué par Mylène Florentin et Lora Houssaye a permis d’établir une méthodologie. Mylène Florentin, chargée de mission pour la rédaction des plans de sauvegarde des œuvres poursuit son travail à Paris Musées pour élaborer un outil similaire concernant le risque de crue et continuer d’accompagner les musées dans la démarche des PSO.
Le plan pour améliorer les PSO s’articule autour de 3 axes :
- La rédaction de PSO adaptés à chaque musée, pouvant être partagés et exploitables par tous les acteurs internes et externes, tels que les services de secours.
- La mutualisation des moyens humains et techniques par une organisation facilitant l’échange d’acteurs internes lors d’un sinistre majeur et le partage de matériels (kit d’intervention contenant des moyens d’évacuation, de protection et de traitement d’urgence).
- La création d’outils de formation pédagogique afin d’expliquer simplement par schémas les bonnes pratiques dans la manipulation des œuvres en urgence.
Ces trois axes sont prévus pour être réalisés avant la fin 2017.
Frédéric Plouvier
Tour à tour, Chargé de sécurité en grande distribution, responsable Opérationnel Musée puis responsable d’un service prévention Gestion Immobilière, il est depuis 2015, conseillier Sécurité / Sûreté de Paris Musées, l’établissement public qui rassemble les quatorze musées de la ville de Paris. Frédéric Plouvier est par ailleurs agréé INSSI et CERIC, qualifié IGR et diplômé d’un Master spécialisé Gestion des risques sur Territoires.
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