Le syndrome aérotoxique

27 juillet 20184 min

De nombreux personnels navigants et des études scientifiques dénoncent depuis plusieurs années l’air qui peut devenir toxique dans les avions !

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Le syndrome aérotoxique est le nom donné à la maladie causée par les effets consécutifs à l’inhalation de l’air contaminé qui pressurise la cabine d’un avion, comme l’explique l’AVSA, association des victimes du syndrome aérotoxique.

Concrètement, pour permettre aux passagers et personnels navigants de respirer en vol, il faut que l’air circulant dans la cabine soit chauffé et comprimé. Cet air est fourni par les réacteurs et comprimé par des pièces mobiles lubrifiées à haute température. En principe, des joints empêchent l’air d’être mélangé aux lubrifiants. Mais en cas d’usure des joints, de l’huile peut passer dans le système de pressurisation et contaminer l’air.

Or, des lubrifiants complexes, composés de plusieurs ingrédients toxiques comme le phosphate de tricrésyle (PTC), sont nécessaires pour résister à l’environnement extrême des réacteurs. Si une grande quantité d’huile se mélange avec l’air comprimé très chaud, une odeur typique de « chaussettes sales » ou de « chien mouillé » est perceptible.

Dans les cas les plus sévères, une fumée sera visible. Ces émanations toxiques sont appelés les fume events et peuvent entraîner le syndrome aérotoxique, maladie non reconnue pour le moment. Les personnels navigants sont bien évidemment les plus exposés au risque.

Les causes du syndrome aérotoxique en vidéo

Pour faciliter la compréhension des causes techniques du syndrome aérotoxique, Tim van Beveren, le réalisateur du documentaire « Le syndrome aérotoxique : Passagers en périls ? » a créé une vidéo pour l’AVSA.

Problèmes de chiffres

Les phénomènes de fume events ne sont pas toujours détectés ni répertoriés. Ces incidents ne feraient pas systématiquement l’objet d’un rapport et seraient donc sous-estimés.

  • 1 vol sur 2 000 serait concerné par un fume event d’après l’industrie aéronautique, écrit sur son site internet l’Association des victimes du syndrome aérotoxique (AVSA).

  • 1 fume event serait recensé pour 100 000 heures de vol, soit un par mois selon Air France.

  • 1 fume event aurait lieu chaque semaine, d’après les journalistes d’Envoyé Spécial qui ont eu accès à la base de données confidentielle d’Air France qui recense tous les incidents en vol.

Syndrome aérotoxique : les risques pour la santé

Les symptômes du syndrome aérotoxique peuvent être aigus et de courte durée après un vol, ou chroniques, à savoir de longue durée. L’AVSA cite, entre autres, nausées, vomissements, difficultés respiratoires, troubles de la vision, perte d’équilibre, convulsions, troubles du sommeil, maux de tête, traitement mental ralenti, sentiment d’ébriété, dépression, fatigue ou encore faiblesse musculaire.

D’après l’association, des équipages se plaignent régulièrement de ces symptômes mais la plupart des professionnels de santé ignorent l’existence du syndrome. Face aux plaintes, constructeurs et compagnies disent respecter la réglementation en vigueur et se renvoient la balle.

D’après un reportage d’Envoyé Spécial sur le sujet diffusé le 26 avril 2018, les compagnies commencent tout de même à reconnaître le problème. Air France et Easyjet envisageraient d’équiper leur flotte de filtres. Pour le moment, le seul avion qui n’utilise pas l’air en provenance des réacteurs est le Boeing 787 Dreamliner. Seuls 644 appareils de ce type voleraient sur les 26 000 avions de ligne en circulation.

Des chercheurs d’universités britanniques ont publié en juin 2017 deux études sur le sujet dans Public Health Panorama, la revue de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils ont effectué pendant quatre ans un sondage auprès de 274 pilotes britanniques de la compagnie British Airways. 88 % d’entre eux ont signalé avoir été exposés à l’air contaminé, principalement sous forme de fumées, et 34 % ont rapporté une exposition fréquente.

La FAA (Federal Aviation Administration), administration fédérale de l’aviation américaine, a publié le 26 mars 2018 une alerte de sécurité pour les opérateurs concernant les fume events, reconnaissant ainsi le phénomène.

Le 2 mai 2018, deux pilotes d’avions américains ont annoncé avoir assigné le constructeur aéronautique Airbus devant le tribunal de grande instance de Toulouse (Haute-Garonne). Ils sont en arrêt maladie après avoir été exposés à des émanations toxiques lors de vols en juillet 2017 et disent souffrir du syndrome aérotoxique.

Si plusieurs combats de ce type ont été menés contre Boeing aux États-Unis, il s’agit d’une première en France. En 2016, un pilote d’EasyJet souffrant du syndrome aérotoxique avait porté plainte contre X.

Gaëlle Carcaly – Journaliste

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