50 ans de catastrophes industrielles

Le mardi 4 janvier 1966 au matin, sur le site d’une raffinerie de Feyzin (Rhône), un nuage de propane s’échappe d’une sphère de stockage suite à une erreur humaine. À 6 h 40, un aide-opérateur, accompagné d’un agent de sécurité et d’un agent du laboratoire, effectue une opération de purge sur une des sphères contenant du propane liquéfié, en vue d’effectuer un prélèvement. L’opération n’est pas réalisée selon les règles établies et du gaz s’échappe. Pendant que l’équipe de sécurité tente d’interrompre la fuite, le nuage de propane se répand sur l’autoroute et le chemin départemental à proximité.
Malgré l’alerte et les barrages mis en place, une voiture circule sur une route d’accès au chemin départemental. Le nuage s’allume alors contre un point chaud du véhicule et la flamme remonte rapidement en direction de la raffinerie. Deux sphères de gaz exploseront, entraînant une boule de feu de 400 m de haut.
18 morts, dont 11 pompiers, et 84 blessés sont à déplorer. La lutte contre l’incendie se poursuit pendant plus de 24 heures.

Le 5 janvier au soir, l’alerte est levée même s’il subsiste encore quelques foyers alimentés par des fuites d’hydrocarbures. Sur le site, l’incendie a causé la destruction ou la mise hors service du parc de stockage des GPL et hydrocarbures liquides voisins, soit au total 11 réservoirs. À l’extérieur de la raffinerie, les effets sont eux aussi importants : projections d’équipements jusqu’à 800 m, quelque 1 450 habitations endommagées, dégâts aux toitures à 2 km à la ronde et vitres brisées jusqu’à 8 km.

Une unité de fabrication de caprolactame dans l’usine de produits chimiques Nypro explose, soufflant  tous les bâtiments dans un rayon de 600 m. Plus de 1 800  habitations des villages alentours seront touchées. Sur les 72 personnes présentes dans l’usine en ce samedi, 28 morts sont à déplorer, dont les 19 personnes présentes dans la salle de contrôle de l’unité, ainsi que 36 blessés. Un bilan qui aurait pu être plus grave si l’accident s’était déroulé dans la semaine.

Le rapport d’enquête pointe des défaillances techniques et matérielles. Une fuite de cyclohexane chaud et sous pression sur un des réacteurs a entraîné un nuage qui s’est enflammé au contact de l’unité hydrogène, ce qui a provoqué l’explosion. Peu de temps avant le drame, plusieurs fuites de cyclohexane avaient entraîné des travaux de réparation qui n’avaient fait l’objet d’aucun test de sécurité.

L’accident de Flixborough fera prendre conscience aux États européens de la nécessité de renforcer le contrôle des pouvoirs publics sur les activités industrielles présentant des risques technologiques majeurs. Le parlement britannique adoptera la Loi Health and safety at work à la fin de l’année 1974.

L’usine chimique d’Icmesa répand un nuage de dioxine. Aucune victime sur le moment mais on dénombre 37 000 personnes contaminées. Le nom de Seveso, une des communes concernées, donnera son nom à la directive européenne de 1982.

Crédit. Mujka/Fotolia

Publication de la loi sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). L’inspection des installations classées devient la seule autorité compétente pour cette loi.

Les États et les entreprises doivent identifier les risques associés aux activités dangereuses et prendre des mesures pour y faire face.

À 5h35 du matin, un pipeline non-enterré, dans une usine de distribution de gaz et pétrole liquéfié, aux abords immédiats de Mexico a crevé. Il a libéré un nuage de gaz qui s’est enflammé, engendrant des explosions en série.

500 personnes furent tuées, plus de 7 000 autres blessées.

9 explosions enregistrées aux abords de Mexico. Crédit : archives Face au Risque

L’usine Union Carbide India Limited, filiale indienne de la firme américaine de pesticides Union Carbide, libère un nuage de 40 tonnes d’isocyanate de méthyle dans la ville faisant plus de 22 000 morts et 500 000 blessés. De graves manquements à la sécurité ainsi que le mauvais entretien de l’usine seraient à l’origine du drame. Le PDG de l’entreprise, accusé de mort par négligence, a été déclaré fugitif en 1992 pour ne pas s’être présenté au procès.

Cette catastrophe a mis en lumière la responsabilité des firmes multinationales dans les pays sous-développés.

Le site de Bhopal, aujourd’hui à l’abandon. Crédit : Axel Drainville/Flickr/Cc

En raison de plusieurs erreurs humaines pour baisser puis augmenter la puissance des réacteurs de la centrale de Tchernobyl (Ukraine) au cours d’un exercice de sécurité, le réacteur n° 4 explose libérant un nuage radioactif. 900 000 morts en comptabilisant les personnes qui ont contracté un cancer à la suite de cette catastrophe.

Source : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)/YouTube

Le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) est créé à Lyon. Créé en 1992 à Lyon, une région regroupant de nombreuses industries chimiques, par le ministère du Développement durable, le Barpi (Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels) a pour mission de créer et de mettre à jour une base de données sur les accidents technologiques. Il collecte, centralise et analyse les données relatives aux accidents à destination des inspecteurs des installations classées, des industriels ainsi que du public grâce à la base de données Aria, disponible sur Internet.

La directive européenne Seveso 2 est publiée. Elle distingue deux types d’établissements : seuil haut et seuil bas déterminés selon la quantité totale de matières dangereuses du site. La directive a été transposée en droit français le 10 mai 2000 dans l’arrêté relatif à la prévention des accidents majeurs impliquant des substances ou des préparations dangereuses présentes dans certaines catégories d’ICPE soumises à autorisation.

Transposition en droit français de la directive Seveso 2 sur la nomenclature des ICPE dans l’arrêté relatif à la prévention des accidents majeurs impliquant des substances ou des préparations dangereuses présentes dans certaines catégories d’installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation.

Il est 10 h 17 le 21 septembre 2001 lorsque l’Institut de physique du globe à Strasbourg enregistre un séisme de 3,4 sur l’échelle de Richter dans la région de Toulouse. Dans l’usine AZF (azote fertilisant), un cratère ovale de 65 mètres par 45 et de 7 à 10 mètres de profondeur a pris la place du hangar 221. Ce bâtiment abritait un stock de rebuts de fabrication de nitrate d’ammonium à la granulométrie ou à la composition chimique non-conformes. Au moment de l’explosion, entre 120 et 300 tonnes sont stockées dans le hangar.

Le souffle est tel qu’il a atteint le centre-ville, à quatre kilomètres, où les vitres jonchent les rues. L’explosion a été entendu jusqu’à 80 kilomètres. Une heure après la détonation, on ordonne le confinement des habitants. Après la terre et le ciel, l’eau aussi est polluée : des rejets d’acide nitrique, de solutions azotées et de l’ammoniac polluent le fleuve plusieurs jours après le drame.

Loi Bachelot sur les établissements industriels à hauts risques avec la création des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) et des plans de prévention des risques naturels (PPRN).

Le 11 mars 2011, en l’espace de quelques heures, le Japon affronte une triple catastrophe. Un séisme de magnitude 9 se produit à 80 km au large de l’île d’Honshu, provoquant un tsunami qui déferle sur la côte nord-est du pays. Touchée, la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, exploitée par Tepco, est privée de ses sources externes d’électricité et de ses moyens internes de refroidissement du cœur des réacteurs nucléaires. Des incendies et explosions vont alors relâcher des quantités massives d’effluents radioactifs gazeux, suivies par des effluents radioactifs liquides à la suite des lâchers d’eau entrepris par l’exploitant pour tenter de refroidir l’installation. Le dernier bilan fait état de 15 894 morts, 2 561 disparus et 6 152 blessés. Au total, 340 000 personnes ont été déplacées, dont 160 000 pour le seul accident nucléaire qui a contaminé près de 1 800 km2 de terrains. Fin février 2016, trois ex-dirigeants de la compagnie d’électricité Tepco ont été mis en examen, suite à une plainte de citoyens, pour négligence professionnelle ayant provoqué des décès. La compagnie a par ailleurs avoué avoir minimisé la gravité de l’état des réacteurs, en ne reconnaissant pas aussi rapidement que possible le fait que trois d’entre eux étaient en fusion. Elle avait en effet attendu deux mois avant d’utiliser le mot « fusion ».

Deux experts de l’agence internationale de l’énergie atomique devant le réacteur n°4 de Tepco. Crédit : IAEA – Imagebank/Flickr/Cc

Publication de la directive Seveso 3 qui introduit le nouveau règlement CLP en matière de classification, étiquetage et emballage des substances et des mélanges. Ce texte définit le contenu et les modalités de communication à l’administration du recensement des substances et mélanges dangereux, de l’étude de dangers, de la politique de prévention des accidents majeurs et, pour les établissements Seveso seuil haut, du système de gestion de la sécurité.