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Feu de parking à l’hôpital Fernand-Widal
Le déclenchement de la détection incendie et l’intervention rapide et ciblée des sapeurs-pompiers évitent la propagation de l’incendie dans les étages du bâtiment administratif de l’hôpital parisien.
Le 19 mai 2003 à 20 h 32, la détection incendie se déclenche à la loge de l’hôpital Fernand-Widal, à Paris. Le premier agent de sécurité, bipé, aperçoit de son appartement de la fumée qui ‘échappe du toit du bâtiment administratif. Avant même son arrivée sur place les pompiers ont déjà alerté par ligne directe. Le déclenchement successif de nombreuses détections laisse présager un enfumage important des locaux environnant la zone.
À l ‘arrivée des secours, d’importantes quantités de fumée s’échappent de la rampe du parking ainsi que du hall d’entrée de l’immeuble administratif totalement enfumés. Le local électrique, proche du feu, est touché. Le transformateur 20 000 volts a disjoncté et le groupe de secours ne peut pallier la défaillance. L’ensemble de l’hôpital est alors plongé dans l’obscurité.
Des renforts équipés de réserve d’air comprimé et d’engins-pompes pour effectuer les nombreuses reconnaissances sont demandés. Les pompiers évacuent et mettent en sécurité cinq personnes bloquées dans le bâtiment administratif, dont les escaliers sont enfumés. Deux d’entre elles, intoxiquées, seront hospitalisées.
Au fond du hall enfumé, des lueurs apparaissent sortant des parois latérales, suivies de rouleaux de flammes qui viennent lécher furtivement le faux-plafond. C’est l’embrasement généralisé. Il faut très vite contrôler l’incendie qui a gagné les gaines avant qu’il ne se propage dans les étages.
À 21 h 36, six nouveaux engins et les « moyens réseau EDF » ont alertés. À 22 h 05, les véhicules en feu sont localisés dans une zone située sous le hall d’entrée du bâtiment R + 7. Mais I incendie fait toujours rage dans les sous-sols et tient les sauveteurs à distance. Le feu sera éteint à 22 h 47. Il faut encore effectuer des reconnaissances minutieuses de gaines et procéder au désenfumage des lieux.
Groupe de secours en panne suite à la destruction du boîtier d’arrêt d’urgence
L’incendie a éclaté, pour une raison indéterminée, là où se trouvaient deux voitures et un side-car, à l’endroit le plus destructeur pour le réseau électrique de l’hôpital. En effet, le local électrique TGBT, tableau général basse tension, à partir duquel est distribué le 220 V dans les locaux, isolé du parking par un sas coupe-feu, se trouve à quelques mètres du brasier. Il sort de ce local un important chemin de câbles qui, au-dessus des 3 véhicules en feu se divise vers 4 trémies de quelques dizaines de mètres carrés, distribuant des faisceaux de conducteurs électriques vers les 7 étages du bâtiment administratif. Le chemin de câble se détache et tombe au cours du feu, affaiblissant le recoupement de plâtre des trémies. Les isolants des dizaines de câbles brûlent, libérant des espaces par où fumées et gaz chauds s’insinuent.
Des courts-circuits se produisent, faisant disjoncter le transformateur général. Le groupe de secours, situé dans un local voisin isolé du feu se met en marche, provoquant de nouveaux courts-circuits. Il semble, d’après les responsables de l’établissement, que le groupe de secours se soit arrêté après destruction par le feu de son boîtier d’arrêt d’urgence (coup de poing) situé dans le parking !
Le compartimentage vertical est rompu. La fumée, puis les flammes, grimpent dans les gaines fermées situées dans les couloirs à chaque niveau du bâtiment par des portes de bois. Dans certaines sont rangés des cartons, d’autres abritent des tableaux électriques…
Des patients doivent être changés de secteur
Le hall du rez-de-chaussée s’enfume et s’embrase trois-quarts d’heure environ après l ‘arrivée des secours. À ce niveau, partent deux longs couloirs ceinturant tout l’hôpital au niveau des sous-sols. En l’absence de dispositifs ou portes coupe-feu, la fumée devient perceptible dans plusieurs pavillons abritant des patients. Une dizaine d’entre eux sera temporairement déplacée vers des secteurs mieux ventilés, tandis que le personnel du service psychiatrique isole les lieux en disposant des draps roulés sous les portes. Heureusement, les pompiers arrivent à stopper au premier étage la propagation de l’incendie dans les gaines du bâtiment administratif, les dommages restant limités aux circulations.
Relativement courant, le feu de parking souterrain génère un incendie violent et difficile à localiser. La température dépasse les 1 000 °C et provoque un enfumage très important. Lorsqu’il est coiffé d’une construction, la propagation à cette dernière est à redouter si le compartimentage qu’offre la dalle révèle des failles : passage de câbles mal rebouchés, passages de descentes d’eau en PVC non protégées, joints de dilatation…
L’établissement ne possède pas de services d’urgences ou équipés d’appareils indispensables à la survie des malades comme ceux de réanimation, cardiologie maternité et ses couveuses… L’impossibilité, pour le groupe de secours, d’assurer le relais dans un tel scénario d’incendie est à méditer pour d’autres établissements de soins.
Dès 4 heures du matin, le premier groupe électrogène de secours mobile de service de l’Assistance Publique parvenait sur place, bientôt renforcé par deux autres (200, 350 et 800 kVA).
Les isolants des câbles et les équipements électriques contenus dans les gaines présentaient un gros potentiel fumigène.
La Commission de sécurité inspectait les lieux dès le lendemain pour définir un train de prescriptions permettant à l’établissement de poursuivre son activité dans ces circonstances particulières, avec le meilleur niveau de sécurité. C’est ainsi qu’une équipe de sécurité renforcée a été engagée durant la remise en service des installations électriques.
Par ailleurs, la mise sous détection de locaux et le compartimentage des galeries de liaison seront accélérés. C’est au cours d’un sinistre, mieux, lors d’essais d’enfumage que des « fuites » insoupçonnées apparaissent dans les dalles de planchers et les gaines.
Aujourd’hui, des complexes architecturaux importants sont « posés » sur des centaines de mètres de galeries techniques emplies de câbles. Les compartimenter est difficile car ces installations « vivent » : des câbles sont retirés, d’autres ajoutés et le rebouchage n’est pas toujours correctement réalisé… quand il existe.
René Dosne
Lieutenant-colonel (rc), créateur du croquis opérationnel à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris
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